Blockchain et santé
Font-ils bon ménage ?
👋 Cher Wagmi Gang,
Bienvenue dans ton rendez-vous décryptage du jeudi !
Pour les plus « aguerri.es » d’entre vous, le premier mot qui te vient à l’esprit quand on parle de blockchain est : cryptomonnaies.
Or, la blockchain est surtout une technologie qui permet décentralisation, sécurisation et vérification de données.
D’ici 2026, on estime une hausse de l’utilisation de la blockchain équivalente à 55,86 milliards de $ avec une diversification de ses usages et un déploiement dans de nombreuses disciplines.
Au menu du jour, on va te parler de blockchain sur fond de santé.
Tu as du entendre parler des dernières cyberattaques qui ont eu lieu au sein des hôpitaux d’Arles, Dax ou encore de Villefranche-sur-Saône ; les experts en sécurité informatique de l’Agence du numérique en santé (l’ANS) signalent 730 incidents, soit une hausse de 150% en 2021 (Source).
Avec une (forte) augmentation des informations confidentielles produites par le secteur médical – environ 2,5 billions de giga-octets – la sécurisation des données sensibles des patients devient la priorité number 1.
En quoi la blockchain peut-elle répondre à certaines problématiques liées au secteur de la santé ?
#Quick reminder : la blockchain est une technologie permettant le stockage et la transmission de l’information, de manière totalement décentralisée et transparente. Pour en savoir plus, clique ici !
Tutto capito ? Allez on démarre : bon réveil à nos côtés !
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Blockchain et santé : contextualisation
La pandémie de la covid-19 a été un accélérateur de développement technologique au sein des établissements hospitaliers.
Un rapport européen traitant de l’application de la blockchain dans le secteur de la santé a été publié en avril dernier. Il dévoile notamment que le secteur prévoit une évolution de l’utilisation de la blockchain, via le développement du dispositif Healthcare 4.0.
A échelle nationale, on observe 2 étapes d’évolutions du secteur :
- L’e-ordonnance
En novembre 2022, l’Assurance maladie présentait un dispositif de dématérialisation de l’ordonnance : le « Ségur en numérique en santé » (Source).
Explication du dispositif : si rien ne change lors de la consultation, le médecin utilise le logiciel Ségur afin de centraliser les données sur un même espace. Le patient pourra récupérer un QR code qui représente son identifiant unique de prescription.
Par la suite, le pharmacien scanne le QR code et récupère les données de la prescription pouvant ainsi transférer des pièces justificatives via le dispositif d’ordonnance numérique. Le patient retrouve toutes ses données en format PDF dans l’espace de connexion de mutuelle de santé.
Il s’agit là d’une première étape de la digitalisation du secteur de la santé en France.
- Résultat ? Facilité d’échange entre prescripteurs et professionnels de santé, stockage de données, traçabilité, et centralisation.
- Objectif ? Généraliser l’ordonnance numérique, et équiper les médecins et les pharmaciens en logiciel d’ici avril 2023.
- L’utilisation progressive de la blockchain
Si l’objectif en France est de centraliser les données des patients afin de faciliter la communication avec le corps médical, la blockchain va un cran plus loin.
En effet, en plus de la centralisation, l’enjeu majeur est (surtout) la sécurité des données de santé.
En 2021, on découvre la fuite des données médicales confidentielles de près de 500 000 français (Source), qui ont par la suite été revendues à des fins malveillantes.
Autre exemple criant : aux Etats-Unis, la violation de données est encore plus virulente avec presque 300 millions de dossiers médicaux volés, perdus, exposés ou divulgués entre 2009 et 2020 (Source).
- Galeon, startup française de structurations de données médicales œuvre à trouver des solutions en utilisant notamment la blockchain afin de connecter tous les acteurs de la santé. Médecins, pharmaciens, hôpitaux, chercheurs et patients sont concernés. Galeon compte presque 100 000 patients et, grâce à une récente ICO (Rappel de l’ICO par ici), lève 15,5 millions de $$ (Source). Résultat : de manière décentralisée et transparente, les patients deviennent propriétaires de leurs données et peuvent choisir à qui distribuer ces informations.
Nos propres données ne nous appartiennent plus puisque nos assurances, nos comptes d’épargne santé ou nos plans de traitement restent dans les silos d’autres prestataires de santé. On ne peut accéder à ces données que via d’autres tiers = on assume (ou pas) le risque de perte ou d’abus.
D’ici 2025, selon certains experts, la technologie blockchain atteindra 5,61 milliards de $ de croissance dans le secteur de la santé (Source).
Question : l’adoption de la blockchain dans le secteur sera-t-elle efficace ?
Blockchain et santé : quelle utilité ?
Suite à plusieurs failles dans le secteur médical, la blockchain peut être un atout de taille.
Un rapport du cabinet de conseil Deloitte paru en 2022 mentionne la chose suivante : « la blockchain résout plusieurs problèmes existants et permet un système plus efficace, décentralisé et sécurisé. Elle offre un nouveau cadre prometteur pour amplifier et soutenir l'intégration des informations de santé à travers une gamme d'utilisations et de parties prenantes. »
Alors comment la blockchain peut-elle résoudre certaines problématiques technologiques liées au secteur médical ?
- La surveillance de la supply chain
En 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé dévoile que 25% des médicaments en circulation dans les pays en développement sont des contrefaçons causant 700 000 décès par an (Source).
L’utilisation de la blockchain pourrait être un moyen de baisser ces chiffres alarmants. Comment ? En surveillant la provenance des médicaments via la mise en place d’une collaboration avec tous les participants de la *supply chain (*chaîne d’approvisionnement logistique).
Les fabricants, les prestataires de soins de santé, les distributeurs pourront avoir accès à des contrats cryptographiques partagés sur une plateforme blockchain. Toute nouvelle information y sera inscrite et ne pourra pas être supprimée.
Un exemple de blockchain qui garantit la provenance des biens médicaux : MediLedger. Ce protocole offre une solution afin de confirmer l’authenticité d’un médicament, et le suivre à chaque étape de la supply chain. Les fabricants et les pharmacies peuvent utiliser la blockchain FarmaTrust qui fournit des notifications automatisées s’il y a une suspicion de produits contrefaits.
Si tu as bien tout suivi : cette technologie permet de retracer la provenance et le parcours du médicament jusqu’à « l’arrivée » au patient.
En conclusion : ce mécanisme de certification garantit la traçabilité des médicaments et la transparence des informations. L’exemple du parcours et de la traçabilité du médicament peut s’appliquer à tout le domaine médical, y compris les dossiers médicaux.
- La sécurisation des dossiers médicaux
L’application la plus pertinente de la blockchain concerne la gestion des données des patients.
Cela permet de faciliter le traitement des données par les professionnels de santé, et la réappropriation de ces données par les patients eux-mêmes. On peut lister plusieurs avantages :
- La sécurisation. Chaque patient paramètre son propre dossier médical. Il autorise l’accès aux professionnels de son choix, grâce à une clé privée qui permet de décrypter/lire les informations de son dossier.
- La décentralisation et l’immuabilité. Les informations médicales n’appartiennent à personne d’autre que le patient lui-même. Les données sont infalsifiables et inchangeables. A plus long terme, les patients pourront même payer directement les prestations médicales et les médicaments sur la blockchain.
- La transparence. Un nouveau médecin peut être ajouté à la chaîne, et accéder aux informations médicales antérieures. A chaque modification d’information le patient est averti. Cela permet aux professionnels de santé d’utiliser la même base de données, sans qu’une institution n’en soit propriétaire.
En 2020, la blockchain fait son entrée sur le réseau de l’université de santé du Canada : l’UHN. Objectif ? Améliorer l’expérience patient.
Plus récemment, Medicalchain a relié les dossiers médicaux à la blockchain. Le logiciel de la startup permet aux patients d’être notifiés à chaque changement sur le dossier médical, et de choisir d’ouvrir l’accès au dossier avec les professionnels de leurs choix. Une meilleure expérience pour les patients et les prestataires de soins de santé !
- L’interopérabilité des dossiers de santé
Si la blockchain permet sécurité et transparence, elle permet aussi l’interopérabilité entre plateformes.
Les organisations de santé peuvent partager des données via un même système sécurisé en stockant un ensemble de données avec des liens cryptés vers des informations confidentielles (radiographies, scanners, ordonnances, par exemple).
La difficulté sera d’avoir un protocole alliant efficacement confidentialité et interopérabilité. C’est ce que propose iSolve, startup visant à garantir la provenance des données tout en créant un environnement interopérable entre plusieurs acteurs.
- La traçabilité des fournitures médicales
Tout comme les médicaments, le déplacement des fournitures médicales sera traçable via la blockchain.
En toute transparence, on peut effectuer un suivi des coûts de production, de main d’œuvre et des émissions de carbone émises par leur fabrication. De la même manière, grossistes, assureurs et autres prestataires de soins de santé peuvent suivre les transactions ainsi que les détails des paiements effectués.
Chronicled et Curisium permettent d’alimenter des solutions de supply chain intelligentes et sécurisées. Grossistes, équipementiers de dispositifs médicaux ou encore assureurs (…) ont désormais la possibilité d'authentifier les détails du paiement et le suivi des coûts.
Dans ces différents cas, la blockchain résout les problématiques de communication, de fraudes, de falsifications et de pertes de données.
Blockchain et santé : quels avantages ?
La blockchain facilite la sécurisation, la transparence, la décentralisation et la traçabilité des informations d’un patient.
Via l’utilisation de la blockchain, les patients reprennent le contrôle de leurs données médicales.
Quels autres avantages sont liés à l’utilisation de cette technologie ?
🔎 Communication optimisée
Les solutions qu’offre la blockchain vont changer radicalement les relations qu’entretiennent les professionnels de santé et les patients.
La communication sera meilleure puisque les informations conservées sur la blockchain seront légitimes, à jour, et adéquates. Cela favorisera la création de parcours de diagnostics et de traitements totalement personnalisés.
🔎 Exactitude des informations
La blockchain permet aux patients comme aux professionnels de santé de s’assurer que les informations médicales soient correctes et à jour.
Une étude menée pour enquêter sur l'exactitude des dossiers médicaux dévoile que les professionnels de santé ne saisissent que 18 % du texte des notes d'évolution manuellement… Ce qui laisse une importante marge d’erreur.
🔎 Vérification des compétences du personnel médical
Comme pour les produits ou les fournitures, la blockchain peut être utilisée pour suivre l'expérience des professionnels de la santé.
Les établissements de santé peuvent enregistrer les informations d'identification de leur personnel. En ce sens, ProCredEx a développé un système de vérification des références médicales en utilisant un protocole blockchain.
🔎 Accroissement des collaborations
Au cours de ces deux dernières années dans le secteur médical, on note une augmentation des initiatives qui optent pour la blockchain.
Des organisations comme IBM ou PNC Bank collaborent avec des établissements qui sont – plus généralement – concurrentes. Leur collaboration est indispensable pour concevoir une structure et un réseau efficaces compatibles avec la blockchain.
En résumé : le secteur de la santé a besoin de la blockchain afin de réduire les incidents qui touchent les patients.
Et demain ?
Grâce à la blockchain, le secteur de la santé est en pleine mutation : sécurisation, traçabilité, transparence des données médicales ainsi que des médicaments sur fond d’une collaboration plus efficace entre les acteurs du monde la santé, et une communication fluidifiée entre les professionnels de la santé et leurs patients.
Néanmoins, les usages et les avantages évoqués aujourd’hui sont très complexes à réaliser, et prendront encore quelques années avant de se démocratiser dans les usages des professionnels de la santé et dans la vie des patients.
Et demain, Wagmi Gang cher à notre cœur, on te voit venir.
Oui, on peut d’ores et déjà se poser un certain nombre de questions : les patients pourront-il monétiser leurs données auprès des groupes pharmaceutiques dans une optique de recherche ou de source de revenus ? Ces dernières étudieront-elles les résultats de leurs traitements afin d’en améliorer la fabrication ? Quid enfin de l’encadrement réglementaire de ce nouvel ordre technologique ?
Ce décryptage touche à sa fin. Continue à nous faire part de tes feedbacks, conseils, astuces (…).
On te donne rendez-vous demain sur Wagmi Trends pour la diffusion d’un nouveau Wagmi Talk et surtout, jeudi prochain, le 8 décembre (pour être tout à fait précises) pour notre tout nouveau format de newsletter !
Caramels, bonbons et chocolats,
Khaoula & Alex 💛