Les médias décentralisés
comment le web 3 change-t-il notre façon de créer et de consommer l'information ?

👋 Cher Wagmi Gang,
Bienvenue dans ton rendez-vous décryptage hebdo !
Quand on te parle de “média numérique”, à quoi penses-tu ? À un magazine, à une newsletter, un podcast, une ou à des posts LinkedIn (...) ? Tu as vu juste : il s’agit de tous ces canaux, de tous ces formats ! Et Internet a ouvert le champ des possibles, le champ des diffusions !
Arrêt sur image : en 2022, la population mondiale passe 3,8 milliards d’heures devant son smartphone. Et les Français ne sont pas en reste, avec plus de 25 heures par semaine passées sur le web.
La diffusion de l’information ne cesse d’évoluer : créateurs de contenus, infos en temps réel sur fond de guerre d’infos / de sources / et d’entertainment-info, le tout sur fond de course à l’audience #$$$.
Quel impact peut avoir la blockchain sur la manière dont on divulgue l’info ? À quoi ressemble un Media web 3 ?
Bienvenue dans ta 1ère heure de conso d’Internet de la journée : on la démarre ensemble, dans tes transports galère, avant ta journée de boulot, de glande ou de “réunionites” aiguës.
Bon réveil à nos côtés !
➡️ Tic/Tac : durée du décryptage 9 minutes
Du Media web 2 au web 3 : contexte
T’es-tu déjà demandé comment l’information est passée des médias traditionnels à internet ? Et bien, nous aussi !
Du coup, on t'a pondu une frise chronologique succincte pour t'aider à y voir plus clair :
#Phase 1: presse, télévision, radio
- 1631 : Sortie du premier hebdomadaire français, par la Gazette de France (Source).
- 1922 : Création par la CSF (Compagnie générale de télégraphie sans fil) de la première station Radiola, qui deviendra Radio-Paris (Source).
- 1931 : Lancement de Radiovision-PTT, première émission et première chaîne de télévision française (Source).
- 1964 : Presque 82 % des journalistes travaillent pour la presse écrite (Source).
- 1970 : En France, 9 foyers sur 10 possèdent un poste de télévision (Source).
- 1980 : 4 Français sur 10 lisent régulièrement un quotidien, soit moitié moins qu’en 1950 (Source).
#Phase 2 : Web Time
- 1995 : Le journal Libération est le premier à se lancer sur internet (Source).
- 1998 : Google traite plus de 10 000 requêtes par jour (Source).
- 2004 : Les médias traditionnels suivent la tendance et commencent tous à publier en ligne leurs contenus pour rester compétitifs. RTL est la première radio française à lancer le format "podcast" (Source).
- 2005 : 6 millions d’internautes à haut débit en France : l'attrait pour Internet s'emballe ! (Source)
- 2006 : Google traite plus de 10 000 requêtes par seconde (Source).
#Phase 3 : Quand le numérique détrône le format "traditionnel"
- 2015 : 3,2 milliards de personnes dans le monde ont accès à Internet, soit environ 40% de la population mondiale (Source).
- 2016 : 39% des Américains (interrogés par Pew Research Center) disent chercher intentionnellement une info sur les réseaux sociaux (Source).
- 2020 : Les plateformes de streaming de vidéo et de musique remplacent les médias traditionnels pour 81% des foyers Français (Source).
- 2022 : pour 69 % des Français, le smartphone est l’outil n°1 pour consulter l’actualité (Source).
- 2023 : Une étude recense 70 millions de visites enregistrées quotidiennement sur les sites/applications de titres de presse en France. Alors que les exemplaires vendus en version papier chutent (Source).
En bref : Tu l’auras compris, l’évolution et l'adoption du numérique sont (très) rapides au cours de ces deux dernières décennies. Les médias traditionnels ont été frappés par cette tornade. Car plus les foyers s’équipent en nouvelles technologies, plus les médias s’adaptent.
⚡Alerte⚡ Dans ce décryptage, nous appellerons « créateur » toute personne qui produit du contenu (écrit ou audiovisuel) sur internet, dans un domaine spécifique, selon un style qui lui est propre et identifié. Soit : un journaliste, pigiste, blogueur, influenceur (…).
Du Media web 2 vers le web 3 : que pasa ?
En 2022, on est témoins d’un (énorme) flux continu d’informations sur internet, avec plus de 40% de croissance annuelle depuis cinq ans, et ce, dans le monde (Source).
Néanmoins, cette croissance est portée par 5 géants du web que tu commences à bien connaître : le fameux GAFAM [Google - Amazon - Facebook - Apple - Microsoft] – dont Google qui, à ce jour, domine le marché des recherches en ligne dans le monde, en accumulant presque 92% des requêtes (Source).
Alors pourquoi de plus en plus de Media s'orientent vers le web 3 ? Quels sont leurs obejctifs ?
1. Lutter contre une information centralisée et, parfois, censurée
Côté web 2, les données des utilisateurs sont stockées et gérées par des entreprises centralisées qui visent ensuite à les recibler soit via des contenus soit via de la pub pour t'inciter à toujours plus consommer/acheter.
La récente étude de 2021 sur Twitter d'montre que la diffusion de contenus peut facilement être manipulée dans certains pays. L’information peut aussi être censurée par ces entreprises privées, comme ça a été le cas pour Trump en 2020, sur Twitter (Source) ou certains créateurs de contenus français sur Youtube (Source).
Et nous ne développerons pas aujourd'hui ce vaste et passionnant sujet mais la prolifération des fake news est également un enjeu de lutte pour la sauvegarde de nos démocraties et de nos libertés individuelles.
⚡À savoir⚡ Une proposition de loi française en cours souhaite réglementer les propos d'influenceurs cryptos pour éviter la promotion d’investissements en cryptos notamment (Source).
2. Opter pour une meilleure rémunération
Lorsqu’un créateur de contenu sur Youtube publie un podcast, peu de revenus lui reviennent. La plateforme ne distribue aux créateurs que 55% des revenus des vidéos longues, et 45% pour les formats courts (Source).
➡️ Côté web 3, aucune plateforme privée ne centralise les revenus. Ce qui permet de libérer une plus grande partie du revenu pour les créateurs. Et les paiements (en cryptos ou pas) sont sécurisés grâce à la blockchain et aux smart-contracts. C'est le cas de Diamond, une plateforme décentralisée qui propose un outil permettant de verser une rémunération libre sur un article qui a été apprécié.
3. Favoriser les liens et interactions avec sa communauté
Depuis leur apparition, les Medias made in web 2 placent les plateformes avant les utilisateurs.
Le web 3 a la démarche inverse en privilégiant le consommateur / l'éditeur de contenus.
➡️ Times Magazine a bien compris le concept. Été 2022 : le magazine tente les abonnements et le financement d’articles par l’achat de NFT (Source). Son objectif ? Selon le chroniqueur Keith Grossman, la transformation des abonnements en NFT tend à renforcer la communauté d’abonnés. Cela permet au lecteur de se sentir plus proche de ses créateurs de contenus tout en participant à la vie de son Media de proximité. Et qui sait, peut-être que le NFT va acquérir de la valeur ?
#Petit rappel : ici c’est 0% de conseils en investissement, et 100% d’infos !
Les médias décentralisés : à quoi ça ressemble ?
Tu te demandes sûrement (et légitimement) à quoi ressemble un média décentralisé, et quelles nouveautés apporte-t-il ?
1- Quelles typologies de Media web 3 ?
➡️ Les plateformes de blogs basées sur la blockchain :
💡 Blockworks est un média décentralisé qui publie une newsletter quotidienne, des podcasts, et une série de conférences. Le magazine est conçu uniquement pour les artistes, les collectionneurs et les personnes qui souhaitent plonger dans le monde de la réalité virtuelle.
💡 Steemit permet de publier/partager des articles de blogs, et rémunérer les créateurs avec des cryptomonnaies.
➡️ Les plateformes de vidéo décentralisées :
Elles utilisent la blockchain pour stocker et distribuer des vidéos - ce qui offre une alternative décentralisée à Youtube. C'est le cas de DTube, ou BitTube qui permettent aux créateurs de monétiser leur travail, et aux utilisateurs de regarder des vidéos sans publicités.
➡️ Les réseaux sociaux décentralisés :
Qui sont Minds, Mastodon ou encore Scuttlebutt ? De simples réseaux sociaux développés sur la blockchain, qui permettent aux inscrits de contrôler leurs propres données. Objectif : un réseau open source qui protège la vie privée (sous forme d’anonymat).
2- Quels modèles économiques proposent ces Media made in web 3 ?
La suppression d’un intermédiaire entre les créateurs de contenus et les consommateurs permet d’augmenter l’opportunité de rémunération.
➡️ Avec les cryptomonnaies/crypto-actifs :
Avec le web 3, les individus peuvent gagner des cryptomonnaies en créant/partageant du contenu sur la plateforme. L’originalité ? Avec ces cryptos on accède à des fonctionnalités supplémentaires. Et on peut les échanger/vendre.
On peut citer Stem, plateforme décentralisée qui permet la publication de contenus, et facilite les paiements en cryptomonnaies par la communauté de lecteurs.
➡️ Avec les DAO :
Les utilisateurs peuvent soutenir financièrement des projets, en achetant des tokens via une DAO. Résultat : une participation aux revenus + un droit de vote. Cela permet aux médias indépendants de lever des fonds pour leur production de contenus.
C'est le cas de Nouns, une DAO qui agit comme une plateforme de diffusion de contenu. La DAO vend aux enchères un seul NFT par jour. 1 NFT = 1 droit de vote, pour financer une œuvre d’art ou une idée proposée. Les revenus appartiennent autant aux créateurs qu’aux détenteurs du NFT.
3- Quels sont les nouveaux bénéfs pour les utilisateurs/créateurs/éditeurs ?
➡️ Systèmes de récompenses :
Stéphane Arnout, patron de Webedia se lance dans le Web 3. Pourquoi ? Car « nous allons faire gagner des points aux utilisateurs, en fonction de leur contribution aux forums, aux articles. Chaque action est scorée, du commentaire de news au like d’un autre commentaire. » Si ce dernier parle de score, c’est parce que l’utilisateur accumule des points qui lui permettent d’avoir un badge, permutable en NFT.
1 NFT = plusieurs avantages. Comme accéder à un Discord pour la communauté du média, interagir avec les créateurs.
En France, l’équipe de 20minutes expérimente récemment les possibilités d’avoir un journal décentralisé : 20mint. Avec la vente de 999 NFT, on permet aux détenteurs des NFT de participer aux réunions éditos du journal, de prendre des décisions et d’écrire du contenu librement (Source).
➡️ Preuves de propriété :
Grâce à un mécanisme issu de la blockchain – le peer-to-peer – les médias décentralisés tentent d'assurer un nouveau modèle de transparence et d'indépendance. Certains médias utilisent ce protocole pour assurer l'anonymat des contributeurs et des lecteurs.
Proposer le NFT comme unité d’échange et comme preuve de propriété ? C’est le projet ambitieux de la blockchain DeSo (Decentralized Social Blockchain).
L’avantage de la preuve de propriété ? Les contenus créés appartiennent aux créateurs.
Et demain ?
Le web 3 apporte de nouvelles façons de consommer de l'information ou même de la produire ! Évolutions des modes de rémunérations, décentralisation, interactions avec les communautés, nous évoluons vers un modèle plus horizontal dans lequel les individus peuvent davantage collaborer que ce soit avec les créateurs de contenus, en donnant leurs points de vue, en participant à des conférences de rédaction ou même en s'engageant dans la vie matérielle d'un Media via les crypto-actifs.
Et demain, très cher Wagmi Gang, plusieurs questions peuvent se poser : qui seront les futurs créateurs de contenus ? Les formations en journalisme suivront-elles la cadence du web 3 ? À quand la démocratisation des wallets pour offrir à toutes et tous un nouvel accès à l'information ? Ce nouveau système pourra-t-il offrir un réel niveau de monétisation aux éditeurs ? Quid du marketing et de la publicité ciblée dans ces médias d’un nouveau genre ?
Quelles réglementations à venir pour encadrer la production de contenus sur des plateformes décentralisées ? Et enfin, est-ce que la transparence de la blockchain pourra aider à vaincre la prolifération des fake news et ces dommages en termes social et pshychologique ?
Ce décryptage touche à sa fin. On te donne rendez-vous la semaine prochaine, pour plus d’informations sur le web 3 !
Douce journée,
Khaoula & Alex