Les NFT musicaux
simple tendance ou profonde transformation ?
Introduction : ce qui change
Avant de parler NFT et musique, il est indispensable d’évoquer le fonctionnement de l’industrie musicale et de la remettre en perspective avec le web 1-2-3.
🚀 WEB 1 – WEB 2
Pour qu’une chanson/album d’un artiste puisse arriver aux oreilles du public, voici quelques étapes/fonctionnements de son périple :
#1 - Intermédiaires quand tu nous tiens
Producteurs, managers, publicitaires, marketeurs, distributeurs, maisons de disques, avocats, GAFAM… Sont autant d’intermédiaires qui conduisent la musique/l’artiste au grand public. Et chacun croque sa part du gâteau… Jusqu’à ce que l’artiste puisse enfin déguster la sienne.
#2 - Combo : plateformes de streaming - maisons de disques - artistes
Depuis une dizaine d’années, les plateformes de streaming se sont imposées dans le paysage musical : Cf Spotify (c’est 433 millions d’utilisateurs mensuels).
Comment ça se passe ? Les maisons de disques envoient des fichiers musicaux aux distributeurs qui agissent comme un trait d’union entre l’artiste et les plateformes de streaming moyennant commissions.
#3 - Conservation de la donnée
La plateforme de streaming doit bien héberger les musiques sur un support technologique… Et ça se passe sur le cloud côté GAFAM : Google Amazon, Apple, Microsoft notamment. Intermédiaires, centralisation des données : l’artiste est cerné.
Last point : pour info, la part de revenu pour l’artiste est de l’ordre de 12% (Source). Oui oui oui.
Il crée tout un truc mais n’obtient au final que 12% de sa création.
Et si on parlait maintenant décentralisation des droits de propriété de la musique ? (roulements de tambours tatata)
🚀 WEB 3
#1 - Exit les intermédiaires
La technologie blockchain permet de supprimer tous les intermédiaires entre l’artiste et son public. Comment ? L’artiste peut directement télécharger les données de son fichier musical sur une plateforme décentralisée, et le tout, sans aucun frais de diffusion.
#2 - Public & artiste : connected people
Il est également désormais possible que chaque individu rémunère directement l’artiste en cryptos pour obtenir son fichier musical préféré, et ce, sans passer par un acteur tiers.
Je me doute que tu te demandes (et à juste titre) : comment fonctionnent ces nouveaux usages digitaux ? Quelles plateformes décentralisées permettent d’acheter un titre de musique en échange de cryptos ? Comment ça marche en somme ?
Comment ça marche ?
Les NFT (ou actifs numériques) concernent tous les domaines : art, ticketing, immobilier… Et musique. Et c’est aussi le même fonctionnement : échange de cryptomonnaies contre un NFT unique.
Pour vendre ses NFT musicaux, un artiste doit choisir :
- La blockchain sur laquelle il souhaite créer son NFT et héberger ses données.
- La plateforme décentralisée où il/elle souhaite vendre ses NFT musicaux.
Rapide focus sur les différentes plateformes décentralisées :
- OpenSea : marketplace NFT la plus utilisée ; elle recense 2 milliards de $ de ventes, février 2022 (Source).
- NFT Tone : 100% focus sur les NFT musicaux. Elle permet aux utilisateurs de collectionner des morceaux de musique rares et inédits, comme, par exemple, un premier jet d’enregistrement en studio. Cette plateforme utilise sa propre cryptomonnaie : Tone.
- Opulous a la particularité d’impliquer les fans dans le succès de leurs artistes préférés. 1 token = une part des droits d’auteur + redevances mensuelles pour les artistes.
Il existe bien d’autres plateformes décentralisées (Coinbase, Pianity, OddKey) qui permettent de créer des NFT musicaux ou tout autre type de jetons non fongibles.
- Le nombre de NFT à diffuser et son prix
Qu’il s’agisse de fichiers audios, de billets de concerts ou de disques dédicacés, la génération de NFT doit respecter les étapes mentionnées ci-dessus. La vente des NFT musicaux peut se faire à prix fixe ou aux enchères.
L’évolution technologique générée par le web 3 apporte, avec elle, de nouvelles perspectives pour les artistes. Et concrètement ça donne quoi ?
Quelles initiatives musicales made in web 3 ?
En ajoutant un aspect cryptographique à la musique, un artiste propose une nouvelle expérience à son public.
Les NFT musicaux permettent à l’artiste de diversifier son offre musicale sur de nouveaux canaux, de renforcer, sans intermédiaire, son lien de proximité avec sa communauté.
Quelques exemples d’initiatives musicales made in web 3 :
➡️ Pionnier de la vente de NFT musical, 3LAU est le premier artiste à créer tout un album sous forme de NFT. Il vend aux enchères 33 NFT uniques comportant : un album, un vinyle en édition limitée et dédicacée, un titre personnalisé pour chaque acheteur, un accès à des morceaux de musique inédits, etc. En moins de 24 heures il a récolté 11,7 millions de $ (Source).
➡️ Le producteur et DJ Don Diabolo sera le premier à vendre un concert sous forme de NFT pour 1,2 million de $ (Source).
➡️ Le groupe de rock Kings of Leon (on t’en a déjà parlé ici) vend un « NFT Yourself » qui offre des avantages VIP places de concerts au premier rang à vie, accès backstage, chauffeur privé, vinyle en édition limitée... à un nombre limité de fans.
➡️ D’autres artistes plus populaires comme Dojo Cat ou encore Snoop Dogg utilisent les NFT pour vendre des produits dérivés ou des titres inédits.
Dès lors, quelles perspectives se dessinent et quelles pourraient être les opportunités liées à la démocratisation des NFT musicaux ?
NFT et musique : quels avantages ?
Selon Jérémy Fall, fondateur du label web 3, « utiliser la technologie pour pouvoir créer une expérience auxiliaire autour de la musique » n’est pas un phénomène de mode mais bel et bien un petit (gros) séisme qui pourrait bouleverser profondément les pratiques musicales (Source).
Grâce à la blockchain, l’industrie musicale évolue dans sa création, dans sa diffusion, dans son rapport avec sa communauté, ses fans.
Quelques avantages/perspectives :
💡Avantages - Côté artiste
➡️ La Décentralisation
Aujourd’hui, les maisons de disques centralisent les tenants et aboutissants de l’industrie musicale. Et l’artiste doit coopérer en ce sens.
La blockchain rebat les cartes en permettant à chaque artiste de contrôler intégralement ses productions musicales, de leur création, à leur exploitation.
Autre changement avec les NFT : les rémunérations sont immédiates, automatisées, sécurisées et transparentes.
➡️ La protection des droits de propriété
Avec les plateformes web 2, les créateurs perdent leurs droits d’auteur avec la diffusion de leurs œuvres sur les réseaux sociaux notamment.
Sur une plateforme décentralisée made in web 3, les NFT aident les musiciens à protéger leurs droits de propriété.
1 NFT = 1 jeton unique = 1 enregistrement de chaque transaction.
➡️ L’indépendance
Mis à part les droits d’auteur, l’artiste maîtrise les tarifs, ventes, streaming, diffusions, royalties. Il est indépendant et affranchi de sa maison de disques !
➡️ L’aubaine financière
Les artistes encaissent directement des €€€ sans autre intermédiaire (managers, annonceurs, maisons de disques).
Par ailleurs, lors de la vente des NFT, un artiste peut fixer une redevance/royalties/commissions sous forme de NFT, versées au détenteur original de l’actif ET à chaque revente. C’est ce qu’on appelle le marché secondaire.
➡️ Le lien inédit avec sa communauté
Les NFT musicaux offrent l’opportunité de créer une relation directe artiste/communautés/fans tout en proposant des expériences immersives qu’elles soient virtuelles, physiques ou phygitales.
💡 Avantages - Côté public
➡️ La communauté récompensée
L’achat du NFT démontre bien la nouvelle perspective relationnelle/artistique entre le musicien et sa communauté. Le public aura un accès privilégié à son artiste préféré, et des avantages inédits et uniques lui seront proposés en retour de sa preuve d’engagement.
➡️ Les liens resserrés
La communauté d’un-e artiste peut s’étendre, autrement, à la sauce web 3 : création d’un Discord pour les détenteurs du NFT de l’artiste, possibilité d’utiliser son NFT musical en photo de profil ses réseaux (ou PFP dans le jargon) (…). La fidélisation se matérialise progressivement et le lien de proximité entre l’artiste et sa communauté se renforce.
➡️ L’aubaine financière
Dans le web 3, tout le monde peut croquer sa part du gâteau : si l’artiste prend de la valeur, alors le prix du NFT augmentera. Et quand le détenteur ou la détentrice souhaitera revendre son NFT : la plus-value sera aussi reversée à l’artiste ! (Si le pourcentage de redevances est fixé au préalable dans le smart contract du NFT).
➡️L’expérience unique
Une expérience novatrice, passionnante et immersive peut émaner de l’acquisition d’un NFT. N’oublions pas qu’il peut prendre la forme de n’importe quel fichier : audio, visuel, numérique. Les fans peuvent avoir le privilège de rencontrer leurs idoles en personne ou virtuellement, comme l’ont d’ailleurs fait Post Malone ou Snoop Dogg.
L’artiste fait ce qu’il lui plaît : vendre directement ses œuvres à son public, orchestrer son merchandising, gérer sa data (…).
Le web 3 insuffle de nouveaux usages, de nouvelles opportunités de créations, de rémunérations et de nouveaux types de liens.
Et demain ?
Grâce à la blockchain, l'artiste s’affranchit des intermédiaires.
Plus qu’un effet de mode, cette transformation progressive de l’industrie musicale dénote d’un tout nouvel état d'esprit de la part des créateurs et créatrices musicaux, et des communautés.
À suivre : quelle incidence sur les droits de propriété ? Quels rôles joueront les maisons de disques ? Les redevances des NFT seront-elles un jour juridiquement classées comme des titres musicaux à part entière ? Est-ce que la blockchain permettra à tous les artistes de pouvoir accéder aux NFT ? Ce dernier contribuera-t-il à réinventer le monde de la musique ?
Cher Wagmi Gang, ce RDV décryptage touche à sa fin mais la good news : on se retrouve dès demain pour rencontrer un nouveau Wagmi Doer autour d’un Wagmi Talk !
Belle journée,
Khaoula & Alex 💛