Bettina Boon Falleur
Head of EthCC
Hello le Wagmi Gang, 🤘
J’ai fait la connaissance de Bettina Boon Falleur, au parcours éclectique, et au ton libre.
Bettina a démarré sa carrière comme organisatrice de mariages extravagants avant de rejoindre le monde de la tech : Station F puis EthCC.
Cette femme engagée a également créé une association quand elle était lycéenne, Ngangis, pour développer les bourses en République Démocratique du Congo.
Partez à la découverte de Bettina et d’EthCC.
Bonne lecture de cette nouvelle Wagmi Doeuse !
Alex 💚
Bonjour Bettina, peux-tu s’il te plait te présenter ?
Je suis Belge, et vis à Paris depuis de nombreuses années. Mon parcours est assez éclectique.
J’ai étudié les sciences politiques, plutôt par intérêt de comprendre les systèmes et interrelations humaines, que par désir d’en faire une carrière, puis j’ai commencé à travailler dans l’évènementiel, notamment l’organisation de grands mariages extravagants avant de basculer dans la tech.
Un jour j’ai postulé pour rejoindre l’équipe de Station F au moment de son ouverture, et toujours pour de l'événementiel. C’est à ce moment-là que j’ai découvert les écosystèmes tech et start-up. Au début, je ne comprenais rien aux termes seed, série A, VC, etc. Et puis un jour, comme tout écosystème, je me suis rendue compte que c’était simplement un jargon à s’approprier.
Pourquoi t’es-tu intéressée au web 3 ?
En 2017, je suis tombée dans la blockchain car j’ai recroisé, à Station F, une connaissance que je pensais être prof de philosophie mais pas du tout, il faisait du conseil pour des start ups en blockchain. Il m’a parlé de cette nouvelle technologie, et c’est comme ça que je me suis vivement intéressée au sujet.
Suite à cela, fin 2018, j’ai rejoint cet ami dans l’organisation d’EthCC.
Tu es cofondatrice de Fonds Ngangi depuis janvier 2012 : une association à but non lucratif qui finance des bourses universitaires et des formations pour la République Démocratique du Congo. Peux-tu stp nous expliquer les raisons qui t’ont conduites à créer cette association ?
Ngangi est venu d’un projet mené par deux frères dont un qui a mon âge.
A l’époque de nos deux dernières années de lycée, on a monté un projet de voyage humanitaire à Goma, en République Démocratique du Congo. En août 2010, on est partis à 20 avec plusieurs missions : monter une bibliothèque municipale, venir construire des maisons (…). Tout ce qui a de plus classique.
A la fin du voyage, on s’est rendus compte qu’on n’était qu’une goutte dans l’océan. On voulait aller plus loin, notamment sur le plan éducatif, un pilier pour le développement économique. C’est comme ça, et avec beaucoup d’humilité, que Ngangi, est né. On souhaitait proposer des bourses qui couvraient davantage que les seuls frais universitaires. Aujourd’hui, le projet a grandi on a également un pôle entreprenariat.
Peux-tu expliquer à nos parents, nos grands-parents simplement ce qu’est la blockchain ?
La blockchain, c’est très simple : il faut imaginer un carnet de comptes comme un carnet comptable d’une PME sauf que toute personne qui veut consulter ce carnet peut y avoir accès, à n’importe quel moment, quand il le veut et, ce, de façon digitale, sécurisée, et pseudo-anonyme.
La blockchain fonctionne comme ce carnet de comptes et quand il y a n’a plus de place sur la page, on recommence à écrire toutes les informations sur une nouvelle page. La subtilité est dans l’entête de la nouvelle page qui contient toutes les informations de la page précédente. Par conséquent, tu ne peux pas mentir sur les informations contenues dans la deuxième page.
Raconte-nous EthCC : quelle est la mission de cet événement ? A quoi ça sert ?
EthCC est une « community conference » ; tout est dans le titre.
Notre premier but, c’est le partage des connaissances c’est-à-dire que pendant 3 jours, on a plus de 250 experts qui montent sur scène pour expliquer de nouveau projets, partager leur expérience, des uses cases (…).
L’aspect communautaire est fondamental : on essaie de garder un évènement qui soit accessible à tous, avec une politique de prix bas, des tickets gratuits pour les étudiants, et des places pour des bénévoles.
C’est un évènement très tech mais où les participants sont accessibles, fun, sans prise de tête et production sous-jacente.
La communauté doit se sentir chez elle, sans costumes cravates.
Quels conseils donnerais-tu à une entreprise qui souhaite se lancer dans la blockchain ? D’un point de vue entrepreneur puis entreprise ?
Pour un entrepreneur qui veut se lancer, avant toute chose, il faut se renseigner.
Il y a des innovations toutes les demi-heures, donc informez-vous ! Aller rencontrer des gens qui ont une bonne réputation et qui ont fait leurs preuves. Prendre le temps de réfléchir à l’utilité de la blockchain pour l’entreprise. La blockchain n’est pas une finalité mais un outil.
Finalement, venir en Europe n’est pas un mauvais endroit pour se lancer. On fait des progrès de jour en jour. Un autre conseil : en parler autour de soi. Il y a une solidarité énorme dans cet écosystème, avec une véritable culture de l’open source.
Pour les entreprises classiques qui veulent se lancer en blockchain, il est crucial de faire un réel effort de compréhension de la puissance des réseaux, de la décentralisation et de la blockchain publique. Sinon, exploitez des DLT privées, ce sera plus simple et moins coûteux.
Beaucoup d’entreprises veulent utiliser la blockchain sans participer à la blockchain publique et à ce phénomène de décentralisation.
Il ne s’agit pas de créer un nouveau type de software mais bien d’opérer un changement de mentalité de fond.
Selon toi, en 2030, quelle place occupera la blockchain dans la vie des gens ? Dans celles des entreprises ?
Impossible de prédire, je peux formuler un désir mais pas donner d’avis.
Ce que je lui souhaite, c’est de devenir dans la vie des gens aussi intrinsèque que le sont des protocoles Internet aujourd’hui.
Tout le monde connaît et utilise les mails. Cependant, les personnes de mon entourage qui peuvent m’expliquer le protocole SMTP se comptent sur les doigts d’une main. On ignore le protocole qu’on utilise sans pour autant avoir peur d’envoyer des mails.
J’espère voir de plus en plus d’entreprises non Web 3 avec de vrais cas d’usages tangibles qui soient “powered” par une blockchain.
Côté metaverse, entre 2023 et 2030, je vois qu’il permet déjà d’initier de nouvelles personnes au web 3 mais je n’ai pas encore compris en quoi le metaverse allait révolutionner nos vies…
Toujours en 2030, et à ton avis, les GAFAM existeront-ils toujours tel qu’on le connaît aujourd’hui ?
D’ici 2030, je pense que oui.
Ils sont terriblement difficiles à détrôner. En revanche, j’espère qu’ils perdront un peu de puissance ou qu’ils participeront à l’évolution de la protection des données.
Que dis-tu des critiques vis-à-vis du web 3 ?
Il y a deux choses : il y a de la critique facile comme toujours, et il y a de la vraie critique constructive.
La première est inévitable et c’est peu intéressant de s’y attarder. Quant à la seconde… La blockchain, comme tout secteur tech qui grandit vite, connait des crises de croissance et je trouve que le secteur se prend parfois des critiques à juste titre. Et les médias ont également un rôle important à jouer. A mon sens, ils ne mettent pas assez en lumière des personnes qui font un travail de fou mais soulignent systématiquement les cours et crashs des cryptos.
As-tu un message à faire passer aux personnes qui nous lisent ?
Venez à EthCC et à tous les événements qui s’organisent autour ! Et si vous vous intéressez au secteur, venez a des petits événements, des meetups, des serveurs discord. C’est gênant la première fois mais tout le monde est accueillant, facile d’accès et si moi avec mon cerveau de non-tech j’ai réussi à comprendre, c’est bien que c’est accessible à tout le monde !
En 2030, EthCC ça ressemble à quoi ?
Ça dépend à qui tu poses la question… J’en connais un qui dira que ce sera plus dingue que le festival de Cannes, moi je dis qu’EthCC va continuer de grandir, peut-être atteindre 10 000 participants, toujours orienté sur le partage de connaissances, la décentralisation, avec un esprit geek first !
Penses-tu que la démocratisation de la blockchain soit possible auprès de tous ?
C’est possible auprès de tout le monde qui sait se servir d’internet. Il faut qu’on mette encore un gros coup de boost UX, UI et marketing avant que cela ne devienne complètement accessible et que les gens utilisent des outils web 3 sans le savoir ou sans se dire oulala que c’est compliqué !
On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?
Plusieurs en ce moment :The ministry for the future, un extraordinaire roman de Kim Stanley Robinson.
Let my people go surfing d’Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia.
Ces deux romans parlent d’écologie de façon intelligente et courageuse.
Je lis aussi V13, d’Emmanuel Carrère, sa chronique judiciaire des procès des attentats de Paris.
Généralement je suis plutôt axée romans ; ils permettent de comprendre comment l’humanité évolue.
Ton ou tes Film(s) culte(s) ?
C’est gênant de classicisme…La trilogie, version longue, du Seigneur des anneaux et bien sûr, Love actually !
Ton ou tes série(s) crush ?
Je fais une thérapie annuelle avec les séries Friends et Gilmore Girls. Sinon, Rick & Morty, un dessin animé un peu décalé.
Ta playlist ?
J’ai des goûts éclectiques (pour ne pas dire chelou) !