Charlie Meraud
CEO de Woorton
✌️Hello le Wagmi Gang,
Nous avons fait la connaissance de Charlie Méraud, CEO chez Woorton.
Après un parcours en tant que financier entre Paris et New York City, il se plonge dans les enjeux d’innovation technologique et fait la connaissance du monde de la crypto.
De sa découverte de la cryptosphère, naîtra Woorton, en novembre 2017.
Woorton c’est un négociant en actifs digitaux, également le desk OTC en Europe continental le plus important, basé et régulé en France. L’entreprise permet à des entreprises d'acheter et de vendre de la crypto, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an.
En parallèle, Charlie co-créé la Paris Blockchain Week pour connecter, en France, entrepreneurs, développeurs, grands groupes qui s'investissent sur le sujet web 3.
Bref, découvre ce nouvel entrepreneur / Wagmi Doer ainsi que ses goûts musicaux, littéraires et audiovisuels !
Bonne lecture !
Alex 💙
Bonjour Charlie, peux-tu nous raconter ton parcours ?
Bonjour à toute la communauté Wagmi Trends qui semble de plus en plus grande ! J'ai fait toutes mes gammes à Malakoff en banlieue parisienne avant de rejoindre les bancs de Dauphine pour obtenir un master en ingénierie financière.
J'ai commencé dans les salles de marché de la Société Générale à New York et de Natixis à Paris. J'aimais le trading mais j'avais l'impression d'être éloigné de toute innovation technologique. Je me suis alors rapproché du monde du Venture Capital en bossant pour Blackfin CP et Rocket Internet. Je m'y sentais mieux mais je ne me trouvais pas légitime pour sélectionner des projets dans lesquels investir. J'étais trop jeune. J'avais besoin de lancer le mien et mettre les mains dans le cambouis. Et puis, la crypto...
Comment es-tu arrivé dans le Web 3 ?
De par mon parcours, c'est vraiment via le trading d'actif digitaux. En 2016, on tenait un portefeuille avec mes deux associés Zahreddine Touag et Karim Sabba. On voulait embarquer des institutionnels, des fonds d'investissement, en faire une vraie classe d'actifs. On a co-fondé une association à l'époque avec Caceis, PWC, Eiffel IG et pleins d'autres institutionnels. On voulait créer le socle réglementaire qui nous permettrait d'entreprendre en France dans ce secteur.
Il faut bien se rendre compte qu'à cette époque encore plus que maintenant, rien n'était possible : ouvrir un compte bancaire, établir des états financiers en suivant des normes comptables claires, opérer sereinement aux yeux des régulateurs etc.
Un an plus tard, on lançait Woorton en novembre 2017, devenu aujourd'hui le plus gros desk OTC en Europe continental, basé et régulé en France.
Peux-tu expliquer simplement à nos parents, nos grands-parents : qu’est-ce que le web 3 ?
A ma mamie Paulette, je lui explique que le web3 rend internet tangible. On peut désormais y posséder des actifs soi-même, les stocker et les échanger comme on le ferait avec un lingot d'or, une figurine de manga, une œuvre d'art.
Et je n'oublierai pas de lui dire qu'à la base de tout ça, il y a Bitcoin qui, encore à ce jour, reste le meilleur cas d'usage et la technologie la plus éprouvée.
Tu es CEO de Woorton : peux-tu nous partager la genèse et la mission de ton entreprise ?
Woorton est un négociant en actifs digitaux. Nous permettons à des entreprises d'acheter et de vendre de la crypto, pour toute quantité, 24/7/365, au meilleur prix. Contrairement à la plupart des actifs, ce sont les particuliers qui ont d'abord investi en crypto. Les outils développés ne répondaient en rien au besoin d'institutionnels.
Cinq ans plus tard, il n'y a plus aucune bonne excuse de ne pas ajouter des cryptos à une gestion de portefeuille globale et diversifiée. En passant par Woorton, on source n'importe quel actifs digitaux au meilleur prix, dans un cadre réglementé et sécurisé.
En parallèle, tu as co-fondé la Paris Blockchain Week : pourquoi avoir co-créé cet événement ?
J'ai passé les deux premières années à faire le tour des conférences à travers le monde. A chaque fois, c'était des heures d'avion pour trouver des choses qu'on avait à Paris : des entrepreneurs, des développeurs, des grands groupes qui s'investissent sur le sujet, des gens passionnés. Je ne comprenais pas pourquoi on avait pas un événement de cette envergure en France et plus globalement en Europe. Alors, on l'a fait.
Qu'attends-tu de cette édition versus les précédentes ?
L'année 2022 a été paradoxale. On a jamais vu autant de grands groupes se lancer officiellement avec des cas d'usage concrets. On avait jamais vu autant d'industries adopter cette technologie en même temps (gaming, luxe, art, finance). Il y a plus de choses à raconter que les années précédentes, avec des sujets qui touchent encore plus de monde.
En face de ça, on a vu la chute de mastodonte du secteur, qui suivait des modèles centralisés. Ils ont certes fait mal à l'image du secteur mais sur le long terme, on se rendra compte qu'ils n'ont fait que confirmer le besoin de décentraliser certaines infrastructures de marché.
Tu vas notamment y animer deux panels ; l’un focus sur le rendement et l’autre sur les enjeux DeFi, TradFi, CeFi. Peux-tu nous expliquer les enjeux de ces panels et plus concrètement ce qui y sera abordé ?
FTX a fait perdre plusieurs dizaines de milliards de dollars à ses clients. Celsius, Luna, Blockfi, Genesis, Voyager, des sociétés valorisées plusieurs milliards de dollars en 2022, ont également fait perdre plusieurs milliards de dollars à des millions d'utilisateurs.
Ce chaos soulève plein de questions. L'une des réponses est évidemment la DeFi qui, sur le papier, permettrait d'éviter à ces scams d'atteindre ces tailles vertigineuses. Mais penser que la Defi résoudrait tout est très naïf.
Prenons l'exemple des taux d'intérêt. Aujourd'hui, vous êtes mieux rémunéré si vous prêtez de l'argent au gouvernement américain que si vous laissez vos dollars sur une plateforme décentralisée non audité.
Le couple risque/rentabilité est totalement brisé et nous tenterons d'expliquer pourquoi et comment nous pouvons le réparer.
2030 : comment vois-tu la place de la DeFi, versus la TradFi et la CeFi ?
Tant que nous ne verrons que des token d'utilité échangés sur les plateformes décentralisées (DEX), on pourra dire que nous sommes en phase de test. De plus en plus de projets travaillent à faire lister des actifs financiers (bonds, equity etc.) sur des plateformes décentralisées.
Je pense que d'ici 2030, des institutions sourceront ces actifs via des DEX et le volume sera alors sensiblement supérieur au volume actuel. La crypto ne sera alors qu'un actif parmi d'autres, mais sa technologie sous-jacente sera la référence pour échanger et conserver des titres financiers.
2030 : la Paris Blockchain Week ça ressemble à quoi ?
On a créé cette conférence pour rassembler les acteurs d'une industrie. Mais il faut le reconnaître, il y a encore trop de ses leaders qui sont asiatiques ou américains. En 2030, il faut un panel de leader de marché européens qui font forte impression à la Paris Blockchain Week.
J'espère que d'ici là, on aura réussi à toucher plus de gens extérieurs à notre écosystème, avec des journées plus "retail". C'est un vrai objectif et c'est comme ca qu'on atteindra une adoption massive. On le voit déjà avec des partenaires de plus en plus issus de secteurs divers.
Que dis-tu des critiques vis-à-vis du web 3 ?
Face à une disruption aussi forte, les gens sont soit fascinés, soit très sceptiques. Et face à des opportunités de marchés aussi intéressantes, il peut y avoir beaucoup de projets qui choisissent la voie de la facilité, en prenant des raccourcis qui mènent à des succès très court-termistes qui se transforment en fiasco (FTX, Luna etc.).
Les critiques sont donc nécessaires, souvent justifiées et permettront d'arriver à un écosystème plus sain. De notre côté, il faut poursuivre le travail d'éducation qui rendra inaudibles toutes les critiques qui s'appuient sur des poncifs démodés et insensés.
On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?
La vie mode d'emploi, Georges Perec.
Ton film culte ?
Interstellar.
Ta ou tes série(s) crush ?
Breaking Bad et le Bureau des Légendes.