Emmanuel Aldeguer
Co-Founder & CEO chez OKP4
🤘Hello le Wagmi Gang,
Le portrait de la semaine est celui d’un homme qui a connu la révolution web 2, au cœur des media. Proche du monde agricole et du milieu de la logistique, cet entrepreneur a évolué avec son époque, ses nouveaux usages digitaux.
Selon Emmanuel, la blockchain « va permettre de créer des mécanismes où l’intérêt individuel va rencontrer l’intérêt collectif. » Fondateur d’OKP4, cet homme curieux, ne souhaite pas être dépassé par les nouvelles technologies et leur accélération croissante, alors il prend les devants.
Pour tout comprendre aux nouveaux enjeux de monétisations et de partages de nos données, aux notions d’open source ou encore de décentralisation, alors continue de lire cet article !
Cette nouvelle rencontre avec un Wagmi Doer, te permettra également de poursuivre ton acculturation face aux défis numériques d’aujourd’hui et de demain qui nous attendent tous.
Haut les cœurs et bonne lecture !
Caramels, bonbons et chocolats 💗
Hello Emmanuel, qui es-tu ?
Je suis ce qu’on appelle un boomers.
J’ai travaillé 25 ans dans la presse et les media, notamment dans la distribution de la presse. J’ai été l’un des fondateurs de VSD et j’ai également créé l’édition du Monde 2.
J'ai travaillé à la création du Monde 2 avec François Siegel créateur de VSD (magazine des années 80/90) mais aussi plus récemment de demain.
En 2008, j’ai quitté le monde des media, car j’ai vécu de plein fouet la première évolution du web, et les modèles économiques des media étaient complètement éclatés.
Dans les années 90, t’avais un chef de pub, un rédacteur en chef, et un Directeur Artistique, tu pouvais créer un magazine qui marchait bien grâce au système de distribution de vente au numéro.
Avec l’arrivée d’internet pour tous, tout a considérablement été modifié, et je ne parle même pas de l’avènement du gratuit.
Sur fond de ce mouvement de presse gratuite, j’ai créé un magazine en presse gratuite basé sur de la donnée.
On a investi 300 000 €, et constitué une base de 120 000 agriculteurs français ; pour qualifier cette base de données, on envoyait gratuitement le magazine. Le contrat de lecture était super innovant pour l’époque : on parle aux agriculteurs comme à des chefs d’entreprises.
Dans la presse agricole, on avait une rubrique technologie et gadget. En 2008, le modèle a trouvé sa limite car on n’a pas réussi à passer sur un modèle web.
Je suis parti dans l’industrie et suis devenu directeur commercial d’un groupe de presse agricole, de CUMA (gros réseau de coopération agricole) et j’ai développé le marketing et le digital. J’exploitais des données comptables pour créer des offres marketing.
Mais le principe avait ses limites et les forces en présence avaient trop peur de fuites de données et de perte de souveraineté sur ces dernières.
Cet épisode a marqué le fait que j’en avais trop marre en tant que data driven marketer de ne rien pouvoir faire ; ca a été l’élément déclencheur de ma reconversion.
Au même moment, c’était le début de la blockchain.
Pourquoi t’es-tu intéressée au web 3 ?
A posteriori, je l’interprète ainsi. Au fond de moi, j’ai eu l’impression d’être passé à côté du web 2. J’ai voulu comprendre la blockchain non sur un plan tech mais d’un point de vue socio-économique.
J’avais assisté à la révolution du web 2 mais là je sentais qu’il y avait une continuité, et en même temps, une rupture forte avec la décentralisation et la tokenomics.
La continuité réside dans la digitalisation du monde et des échanges. En parallèle, cette capacité de décentralisation est énorme et la tokenomics - qui est cette science économique de la gestion des actifs numériques que sont les tokens ou crypto actifs - a aussi un impact très fort.
Les gens vont avoir un outil qui va permettre d’aligner les intérêts tout en résolvant un paradoxe de la théorie des jeux : le fait que l'équilibre de Nash ne rencontre jamais l'optimum de pareto.
Pour résumer, l'intérêt individuel (aucun joueur ne regrette son choix) ne rencontre jamais l'intérêt collectif du meilleur choix pour tout le monde.
La technologie de la blockchain et la tokenomics sont de nature à permettre et faciliter la coopération entre les individus en réduisant au maximum le rôle de la confiance et construire des mécanismes où l’intérêt individuel va rencontrer l’intérêt collectif.
Peux-tu expliquer à nos parents, nos grands-parents simplement ce qu’est un protocole décentralisé ?
Un protocole c'est un ensemble d'interactions entre des ordinateurs ou des objets connectés.
La décentralisation : c’est l’élément qui rend autonome le protocole. Autonome dans le sens que personne ne peut l’arrêter tout seul.
A partir du moment où tu es décentralisé, tu crées un commun numérique qui est composé par la somme de chacun de ses acteurs.
Par conséquent, personne ne peut décider d’arrêter unilatéralement les processus ou de changer les règles. C’est le consensus de la communauté qui pourra en décider.
La blockchain est une base de données distribuée (envoyée à plein d’ordinateurs en même temps) et décentralisée : il n’y a donc pas de serveur maître qui décide des mises à jour.
La mise à jour est décidée dans le cadre d’un consensus, soit via la preuve de travail (c'est le cas pour la blockchain bitcoin), soit via la preuve d'enjeux (C'est depuis peu le cas de la blockchain Ethereum par exemple).
Raconte-nous OKP4 : pourquoi ce nom ? Quelle est la genèse du projet, et quels sont vos objectifs ?
Open Knowledge Protocol For... car c'est "for everything and everyone”.
Aujourd’hui OKP4 c’est environ 30 personnes basées à Toulouse et Munich dont une vingtaine de dev, une dizaine de project/product/business dev, et 3 personnes côté admin.
Le projet a pour vocation de développer un outil qui permet de créer des écosystèmes de partages de données.
Cet outil est un protocole open source et décentralisé qui vise à contribuer à l’économie de la connaissance qui est universelle.
Les impacts socio-économique sont forts. Car la connaissance, quand elle est partagée, multiplie les richesse plutôt que de les réduire. On parle du mécanisme vertueux de 1+1 = 3. La connaissance provient de la contextualisation et du partage de la donnée.
Et tout est data avec la numérisation avancée de notre société. Tu as un univers de datas qui est la base même de la connaissance.
Comment tu passes ensuite de la data à la connaissance ? La Data c’est une description élémentaire de la réalité, agrégée et contextualisée elle va te donner une information. A partir du moment où cette information est utilisée, valorisée par quelques moyens que ce soient, c'est une connaissance.
A partir du moment où la donnée est numérisée, elle devient un bien économique particulier qui change les paradigmes socio-économiques. Une fois qu’elle est produite, tu peux la dupliquer de manière infinie sans surcoût marginal.
OKP4, c’est un protocole ouvert dédié à la connaissance et qui permet à n'importe quel agent économique de partager ses données sans les échanger tout en ayant la garantie d'être toujours souverain et propriétaire de ses actifs numériques. OKP4 marche pour les données comme pour les services, algorithmes ou autres.
Plus concrètement, tu peux-tu nous partager des cas d’usage ?
Aujourd’hui, on a déjà des cases d’usages dans les secteurs de l’agriculture et de la logistique, par exemple.
Nous travaillons notamment pour E-LOGIL une franchise d'entrepôts de e-commerce. Grâce à OKP4, la franchise propose à ses franchisés indépendants des indicateurs créés avec leurs données tout en offrant la garantie de confidentialité de ses dernières. Chaque entrepôt partage ses données sans pour autant les échanger avec qui que ce soit. Résultats ? Optimisations des stocks, des flux (…) tout en garantissant que chacun reste maître de ses données.
Vous avez prévu le lancement du main-net et d'un token, le KNOW : peux-tu nous expliquer concrètement ce que c’est ? Et l’utilité d’un tel lancement ?
A partir du moment où tu as un écosystème décentralisé, il faut garantir la sécurité du système.
Partant de ce postulat, on a créé un jeton qui a plusieurs rôles : c’est un utility token qui sert à faire marcher le protocole.
Quand tu vas dans une laverie automatique, tu ne mets pas directement l’argent dans la machine, tu dois d’abord passer par une caisse qui te file des jetons. Là c’est pareil.
On est en phase de test Net de la blockchain ; le jeton n’a pas encore de valeur : il sortira fin 2023. Il sera décentralisé, ouvert, et pourra être utilisé par n’importe qui pour exploiter des datas spaces.
Selon toi, en 2030, quelle place occupera la blockchain dans la vie des gens ? Dans celles de entreprises ?
J’ai l’avantage d’être un boomer et j’ai connu 1995. A l’époque, personne ne comprenait rien à Internet. Regarde aujourd’hui la place d’Internet dans la vie des gens.
Idem pour la blockchain : en 2030 les gens ne sauront pas qu’ils seront dans un univers de blockchain, et les crypto actifs seront partout. C’est la suite logique de l’évolution du digital.
La blockchain est une révolution qui va amener énormément de choses nouvelles car il y a aura de nouvelles applications, interfaces (…). C’est une évidence.
On peut faire une analogie entre internet et la blockchain : c’est édifiant, regarde les reportages de l’INA !
Dans les années 2000, la spéculation se faisait autour des noms de domaines !
Que dis-tu des critiques vis-à-vis du web 3 ?
Pleins !
Tout d’abord, réduire le web 3 au metaverse, cryptos, et NFT c’est dommage !
Faire passer la décentralisation au second plan, c’est tout autant dommage.
Tout réduire à de la hype, et tu en fais un phénomène mondial ; le cas de FTX le prouve bien. Mais c’est juste une arnaque au blanchiment d’argent !
As-tu un message à faire passer au Wagmi Gang ?
Le message c'est qu'il faut être curieux et ouvert.
Nous sommes comme ces kayakistes qui entrent dans un courant de plus en plus rapide.... Il faut pagayer de plus en plus vite !
Raymond KURZWEIL qui est un chercheur et un futurologue américain dit que "Nous ne connaîtrons pas cent années de percées technologiques au cours du vingt-et-unième siècle; nous serons plutôt témoins de l’équivalent de vingt mille années de progrès (mesuré en fonction du rythme d’aujourd’hui)". Préparons nos enfants à ce monde du mieux que nous pouvons.
En 2030, OKP4 ça ressemble à quoi ?
C’est un DAO qui vit grâce à sa communauté et c’est un protocole qui est rentré dans les mœurs au même titre qu’http. Moins il se verra, plus on aura réussi.
Chaque individu sera souverain dans la gestion de ses données. Tu pourras imaginer demain de vivre grâce à la monétisation de nos données.
On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?
J'en ai plusieurs !
Le mont analogue de René Daumal : Roman d'aventure inachevé paru dans les années 50. C'est une quête spirituelle d'une montagne dont on ne voit pas le sommet.
Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov (auteur Russe des années 30). Roman qui dénonce les absurdités du Stalinisme. Petite anecdote : La chanson Sympathy for the devil des Rolling Stone s'inspire du début du roman.
Je ne peux pas ne pas mentionner le bouquin que chaque salarié d'OKP4 doit avoir lu avant de commencer : Blockchain vers de nouvelles chaînes de valeur de François Hiault et Martin Della Chiesa aux éditions Accuracy. LE bouquin qui fait tout comprendre de la BC ! A conseiller à vos lecteurs.
Enfin, comme Wagmi Trends n'est pas seulement dédié au Web 3 mais à la culture numérique en général, je suis aussi obligé de parler de "The the Game: A Digital Turning Point" d'Alessandro Barrico. Pour un point de vue du dramaturge italien sur la révolution numérique en cours. Vraiment génial !
Ton ou tes film(s) culte(s) ?
True Romance. 1993 Tony Scott un des tous premiers scénarios de Q. Tarantino mis à l'écran. Une distribution incroyable : Christian Slater, Patricia Arquette, Gary holdman, Christopher Walken. Même Brad Pitt dans un de ses tous premiers rôles !
Plus Pop tu meurs ! A noter l'interprétation d'Elvis par Val Kilmer "So Cool !"
La Musique est de Hanz Zimmer et il y a une interprétation dingue du morceau d'opéra Viens Malika sous le dôme de Léo Delibes dans une scène d’anthologie !
Ta ou tes série(s) crush ?
- Soprano
- Mister Robot
- Luther
- Vernon Subutex l'adaptation de Despentes sur Canal