10/04/2023

Géraldine Hounsou

Global People Relations & Talent Acquisition Senior Director Ledger

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“La mission qu’on m’a proposée m’a tout de suite passionnée et motivée : logique de co-construction de l’équipe RH, en phase d’hyper « scaling », besoin de seniorisation des équipes, tout en participant à une véritable révolution sociétale.”
Géraldine Hounsou
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✍️ Alex

👀 Mes articles

✌️Cette semaine, j’ai fait la connaissance de Géraldine Hounsou, Global People Relations et Talent Acquisition Senior Director chez Ledger.

Depuis sa création en 2014, Ledger est devenue une licorne française qui compte désormais plus de 700 collaborateurs.

Après un début de carrière au milieu des champs de betterave près de Compiègne pour Yves-Saint-Laurent, Géraldine se lance dans les transformations RH au sein de grands groupes corporate de l’industrie Software. Ses défis professionnels ne s’arrêtent pas là.

En 2021, cette femme déterminée se lance dans l’univers deep tech et start-up, avec comme nouveau défi : construire une fonction recrutement “best-in-class”  pour l’entreprise leader mondial de la sécurisation des assets digitaux auprès des particuliers et des entreprises.

Dans cet échange, on parle métiers, transformations du marché de l’emploi, jeunesse, web3 un peu quand même, le tout, aux côtés d’une nouvelle Wagmi Doeuse, fonceuse, ambitieuse et tout aussi curieuse !

Bonne lecture ! 💛

Bonjour Géraldine, pourrais-tu s’il te plait te présenter ?

Je suis parisienne mais pas depuis toujours. Je viens d’avoir 42 ans. J’ai deux filles de 8 ans et 14 ans qui sont un vrai mélange culturel.

Je suis issue de la diversité ; ma mère est vendéenne/beauceronne  et  mon père est béninois, naturalisé français. Je suis entourée et nourrie par la diversité.

J’étais plutôt bonne à l’école. Mon père était prof de maths, j’ai fait une terminal L. J’ai passé les concours de Sciences Po après avoir fait hypokhâgne en province.

Je suis partie ensuite vivre à Grenoble où j’ai passé 3 ans sans skier ! Je suis une fille du soleil.

Pendant mon année de césure à Sciences Po, j’ai rejoint Michael Page, un cabinet de recrutement. Ils venaient  de monter  une BU (CQFD : Business Unit) spécialisée sur les 3 fonctions publiques avec pour objectif de profiter des effets d’aubaine liés au papy boom. J’y ai tout appris, que ce soit en termes de techniques d’approche directe mais aussi de gestion de la relation client.

Quand j’ai terminé Sciences Po, j’avais un profil généraliste ; j’ai alors décidé de m’orienter vers les  RH. Originaire de Tours, je me suis donc inscrite en Master AES à l’université d’Orléans afin de me spécialiser. A l’époque, j’ai fait (beaucoup) d’allers-retours entre Tours et Orléans.

C’est comme ça que j’ai atterri chez Yves-Saint Laurent, au milieu des Champs de betteraves près de Compiègne, en tant que stagiaire puis apprentie. J’y suis restée 2 ans, sur site de production, en tant que chargée de RH.

Mon Master 2 à l’IAE de Paris validé, j’ai intégré Headline, un micro-cab dans lequel je suis restée 5 ans. J’y ai recruté tous types de profils tech notamment pour des grands groupes du secteur de la banque et de l’assurance.

« Enough was enough » : C’était difficile de développer une vision stratégique, je ne voyais pas les candidats évoluer après leur recrutement, les horaires devenaient incompatibles avec mon quotidien car, entre-temps, j'étais devenue maman. Il était temps pour moi de basculer en interne.

C’est comme ça que j’ai rejoint Experian, une entreprise internationale, spécialisée, entre autres, en marketing digital, avec comme objectif de remettre à plat la fonction recrutement pour  la France. Rien n’était structuré : j’ai tout créé, en temps un, pour la France puis pour l’Europe du sud et enfin, la région EMEA. In fine, avec mon équipe, nous gérions plus de 650 recrutements / an, sur 5 pays différents.

En 2015, j’ai été approchée par ADP, le leader mondial de Human Capital Management  (60 000 collaborateurs dans le monde et 9 000 collaborateurs en EMEA).

Ils m’ont principalement recruté pour mais capacités à structurer une activité recrutement multi-pays sur un marché en forte tension. Leur volonté était de créer un « centre d’excellence » spécifique au recrutement en EMEA. A l’époque, la structure recrutement, en dehors des US était pratiquement inexistante.

Plus concrètement, au-delà de delivery opérationnel de plus de 3 500 recrutements par an dans une douzaine de pays, j’ai mis en place toute les process et les outils d’une fonction recrutement multi-pays de qualité (employer brand, referral, background check, ATS, NPS, automatisation,...).

Je suis devenue une sorte de spécialiste des process, de l’implémentation des outils.

Quelques années plus tard, l’équipe était structurée et vraiment top : il était temps que je relève de nouveaux challenges.

Comment as-tu rejoint Ledger ?

J’ai été chassée pour rejoindre Ledger. Très honnêtement je ne connaissais que peu de choses du monde des cryptos, du web3 ou de Ledger. C’était un monde très opaque pour moi.

Je me suis auto-éduquée, j’ai appris beaucoup de choses au cours du processus de recrutement et rencontré de gens brillants et passionnés.

C’est à la fois le caractère révolutionnaire des applications du monde du web3 à nos enjeux sociétaux ainsi que mon entourage en parallèle, qui ont fini de me convaincre. Une relation proche, qui vit au Japon et avait investi une grosse partie de ses économies dans les cryptos, m’a notamment poussé à rejoindre Ledger. Pour lui, c’était une opportunité à saisir.

La mission qu’on m’a proposée m’a tout de suite passionnée et motivée : logique de co-construction de l’équipe RH, en phase d’hyper « scaling », besoin de seniorisation des équipes, tout en participant à une véritable révolution sociétale.

Comme je suis plutôt curieuse et que j’aime relever de nouveaux défis, j’ai accepté de rejoindre Ledger et de développer le pôle  « Talent Acquisition. »

J’ai passé ma première année à structurer cette activité.

Sur le premier semestre 2021, avec toute l’équipe, on a doublé l’effectif  en CDI en passant à plus de 600 collaborateurs.

Ensuite, est arrivé le bear market et une situation plus challenging pour le secteur de la Tech. Un besoin accru s’est alors fait sentir sur la seconde partie de 2021 de faire une pause afin de stabiliser Ledger. L’équipe RH s’est alors consacrée sur l’accompagnement des managers et des équipes, l’alignement des organisations business et des ambitions stratégiques de Ledger.

Ça veut dire quoi être Global People Relations & Talent Acquisition Senior Director chez Ledger ?

Aujourd’hui, je suis toujours responsable de l’activité de recrutement au sens large mais je viens également en support au VP People, Alexandre Blanc, sur la partie des gestion RH de la population Ledger.

Le pôle Talent Acquisition est organisé autour de différentes expertises.

Une équipe de recruteurs “focusés” sur le recrutement aussi bien externe que sur la mobilité interne. Le monde du web3 est loin d’être mature, et au fur et à mesure que les opportunités se dessinent, de nouveaux jobs apparaissent.

Une équipe Employer Brand, dédiée à la promotion de la Value Proposition Ledger en interne et en externe. Nous avons créé cette équipe il y a un peu moins d’un an, même si la marque employeur Ledger est très attractive sur le marché. Il faut avouer que même si la guerre des talents est toujours une réalité et que le marché de la Tech reste un marché tendu, Ledger réussit à tirer son épingle du jeu. Chez ADP, 80% des personnes recrutées étaient chassées. Aujourd’hui, chez Ledger,  les profils viennent plus facilement à nous, de par la nature du projet Ledger, les ambitions, et son aura dans le monde de la Tech et plus particulièrement du web3.

Pour rappel et de manière très simplifiée, l’employeur brand est la proposition de valeur que tu promets en tant qu’employeur auprès de tes collaborateurs mais également du marché externe de candidats, que ce soit sur les questions de politique de rémunération, de responsabilité sociale, de développement des collaborateurs et bien plus.

Nous disposons également d’un pôle Talent Acquisition Operations, ce qui reste encore assez novateur dans l'écosystème franco-français. Cette équipe, qui dispose à la fois d’une expertise fonctionnelle RH et d’une expertise technique système, gère tous les process, les systèmes et la data recrutement et est chargée de faire le lien avec les autres les fonctions corporate, les recruteurs et l’entité employer brand.

Nous avons récemment créé un nouveau poste, celui d’Internal Developer Success Lead. Cette personne, ancien recruteur, spécialiste de la Tech, est un pont entre les équipes RH et la population Tech. Il contribue au développement de cette population par le biais d'évènements internes / externes orientés sur des sujets tech web3, blockchain (...) Et bien plus encore !

Enfin, je gère également le département des HRBP. Sa principale mission est d’accompagner les collaborateurs dans leur quotidien au sein de leur vie dans  l’entreprise et également, les managers dans leur rôle de leadership, au sens large.

Ma mission est de coordonner l’activité de l’ensemble de ces équipes afin de soutenir la business stratégie de Ledger tout en travaillant sur l’ensemble des mécanismes de transformations organisationnelles afin de  continuer de contribuer à faire scaler Ledger.

Sens-tu que le web3 bouleverse les codes du marché de l’emploi ? Si oui, en quoi ?

La réponse est définitivement oui.

De nombreux métiers apparaissent dans le monde du web3 et plus particulièrement dans le domaine des asset digitaux. Les opportunités d’application des technologies de la blockchain, les questions autour du concept d’Identity créent de nouveaux besoins qui touchent tous les corps de métiers. Que ce soit la Tech avec l’émergence de nouveaux langages de développement, la finance ou le légal au regard des évolutions de la régulation ou encore les ressources humaines, nous sommes désormais la première entreprise française donnant l’opportunité à ses collaborateurs d’être rémunéré, en partie, en cryptos.

Après, le caractère très innovant du monde du web3 bouleverse également certains codes de recrutement, notamment propres à la France.

A titre d’exemple, c’est vrai chez Ledger mais certainement dans d’autres entreprises de la Tech, que tu sois autodidacte ou sur-diplômé tu peux trouver ta place chez Ledger. C’est dans l’ADN de l’entreprise.

Au-delà du diplôme, c’est ton expertise dans notre domaine d’activité, c’est ton adhésion à notre projet, ton sens de la performance qui feront la différence. Quoiqu’il en soit, à l’heure actuelle, les parcours de formation spécifique à notre industrie sont pratiquement inexistants.

Une réflexion sur l’application du web3 au processus de recrutement et plus largement aux métiers RH est également à mon sens totalement envisageable.

Que dis-tu aux jeunes qui cherchent un emploi ?

Rien n’est impossible : web3 ou pas. Donnez-vous les moyens de vos ambitions !

N’écoutez pas les gens qui vous disent que vous n’y arriverez pas, foncez !

Multipliez les expériences dans le monde de l’entreprise qui dispose de ses propres codes. De ce point de vue, je suis une grande défenderesse de l’apprentissage. C’est un moyen efficace de finaliser son orientation professionnelle, d’identifier la culture et la taille d’entreprise qui vous conviennent, et de faciliter son entrée sur le marché du travail.

En ce qui concerne le monde du web3 à proprement parler, il existe pour le moment encore très peu de formations spécifiques ou dédiées web3. Par conséquent, mon conseil, que tu sois ingénieur ou pas, est de commencer par t’éduquer par tes propres moyens. De ce point du vue, en tant que précurseur dans le monde du web3, Ledger s’est, entre autres, donné comme mission de démocratiser le monde du web3 auprès du plus grand nombre en développant la Ledger Academy. Il est également important de se connecter avec les communautés web3, de suivre  des projets web3 / Blockchain qui font sens pour toi, de comprendre les grands concepts liés à l’industrie, tout en gardant  un esprit entrepreneurial, notamment si tu veux rejoindre une start-up innovante sur les sujets du web3.

Et si ton ambition est de rejoindre une start-up du secteur ou autre, il est nécessaire de maîtriser ses drivers professionnels. Évoluer  dans une start-up est, sur certains aspects,  très différent du monde de la grande entreprise.

Mon dernier conseil à un jeune intégrant le monde du travail reste néanmoins de prendre le temps d’apprendre, de se développer et de faire preuve d’humilité, ce qui n’est pas un signe de manque d’ambition. La maturité professionnelle n’est pas innée, elle vient avec l’expérience et est essentielle à la construction d’une carrière.

 

Selon toi, en 2030, comment le marché du travail aura évolué au contact de la blockchain ?

J’aimerais avoir une boule de cristal pour te répondre ! A mon sens, le champ des possibles est sans limite et c’est aussi pour cela que j’ai rejoint Ledger. Comme je te le disais, le web3 va impacter nos sociétés, probablement comme arrivée d’internet à l’époque. On commence à voir les premières applications du web3 dans le monde des ressources humaines, de nouveaux types d’emplois apparaissent, etc….

Que dis-tu des critiques vis-à-vis du web3 ?

Les évolutions technologiques pouvant fortement impactés nos modes de vies suscitent toujours les passions, qu’elles soient positives ou négatives. C’est le cas, en ce moment, concernant GPTChat et le web3 n’y échappe pas.

Est-ce que les critiques sont fondées ou pas ? C’est une autre question.

Les cryptos ont leurs détracteurs, c’est sûr, mais certainement par manque de connaissance. Beaucoup y voient une forme de spéculation dans un monde totalement dérégulé et donc sans contrôle. Ce qu’on oublie souvent, c’est qu’au-delà de ça, dans beaucoup pays instables politiquement ou économiquement, la crypto est un moyen pour beaucoup de gens de sécuriser le fruit de leur travail, il est également source d’émancipation des femmes dans certains pays.

Par ailleurs, le web3 ouvre la porte pour chacun d’entre nous à la reprise de contrôle sur nos données personnelles et notre identité numérique, un des écueils du web2.

Le web3 reste un monde en cours de construction et en évolution permanente. Beaucoup d’acteurs, y compris Ledger,  militent et travaillent ardemment pour que le web3 soit plus accessible pour le grand public et se sont certainement ces initiatives qui finiront par faire taire les critiques.

On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?

L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante : une histoire de vie super addictive !

Ton ou tes Film(s) culte(s) ?

C’est très dur de faire un choix. Probablement, Le cercle des poètes disparus de Peter Weir, La belle et la bête de Jean Cocteau, Get Out de Jordan Peele et bien d’autres encore….

Ton ou tes série(s) cultes / du moment ?

Gomorrah mais pour la petite histoire, en ce moment je regarde la série Mercredi sur Netflix avec mes filles.

 

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