20/02/2023

Marguerite De Tavernost

Web3 VC Investor @Ledger Cathay Fund

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✍️ Alex

👀 Mes articles

✌️Hello le Wagmi Gang,

Dans le portrait de cette semaine, nous sommes heureuses de te présenter la pétillante Marguerite.

Le parcours de Marguerite est à son image : libre, curieux, ouvert sur le monde. Après avoir grandi à Paris, Marguerite a parcouru l’Europe et le monde. Cette jeune femme déterminée s’est lancée dans le capital risque avant de le quitter, un temps, pour la photographie.

Nomade des temps modernes, Marguerite découvre les Non Fongible Token et ses opportunités par le biais de son art. Mais les enjeux Tech et business la rattrapent et Marguerite finit par rejoindre le fond Cathay Innovation aux côtés de Ledger en 2022. 

Bonne lecture de cette nouvelle Wagmi Doeuse !

Bonjour Marguerite, pourrais-tu s’il te plaît présenter ?

J’ai 31 ans. Je suis née et ai grandi à Paris avant de partir faire mes études à Londres à Kings College London et LSE. Je suis finalement restée 9 ans à Londres, en vivant également à Istanbul et Madrid, puis j’ai déménagé à Berlin où j’ai passé 4 ans avant de rentrer à Paris l’année dernière.

Même si mes études me prédestinaient à une carrière dans le secteur public, je suis finalement tombée dans l’univers de la tech (Google, Founders Intelligence, Side.co) et n’en suis jamais sortie. Après plusieurs années en tant que consultante en transformation digitale, j’ai fait un passage en startup et suis passée de l’autre côté de la barrière, ét évolue depuis près de 4 ans dans le domaine du capital risque.

En parallèle, le Covid m’a permis de remettre la photographie argentique au cœur de mes passions. J’ai même eu la chance de pouvoir faire 2 expositions et plusieurs collections de NFT et continue de nourrir activement cette passion avec une nouvelle exposition de prévue au Printemps.

Qu’est ce qui t’a poussé à t’intéresser au Web 3 ? Et pourquoi ?

Paradoxalement, la photo a été l'élément déclencheur. 

J’ai découvert le web3 en tant qu’utilisatrice.
Après deux ans passés chez Cherry Ventures, j’ai décidé de me lancer dans la photo à plein temps. Une galerie de la Place des Vosges m’a rapidement contacté pour organiser une exposition. C’est alors que j’ai réalisé que ce modèle économique traditionnel présentait des limites non négligeables : la galerie prend 50% de commissions. En plus de cela, je couvre les frais de production moi-même. Je voyais ma marge fondre à vue d’oeil et ai vite compris que si je souhaitais faire de la photo à plein temps j’allais devoir explorer d'autres leviers pour générer du revenu, me permettant ainsi d’en faire mon activité à temps plein.

De manière exploratoire, j’ai commencé à « minter » mes premiers NFT qui sont partis en quelques heures à des prix plus élevés que la version physique de mes photos.

J’ai donc tiré la pelote de laine du Web3 et ai commencé à m’éduquer sur les fondamentaux telles que la philosophie, vision et tech sous-jacentes.

Quand on découvre le web3 en tant qu’utilisateur, on ne peut pas en revenir, surtout lorsqu’on touche aux NFTs dans le monde de l’art. Le système traditionnel des galeries apparaît soudain comme étant obsolète et il est très dur d’ignorer les immenses avantages qu'offrent la blockchain et les NFTs dans le monde de l’art (transparence, authenticité, lien direct avec son audience, royalties sur les ventes secondaires, suivi de l’oeuvre à travers son cycle de vie, alignement des intérêts…). Si l’angle artistique m’a fait découvrir les NFTs, j’ai vite remis ma casquette d’investisseur pour creuser différents sujets et industries autour du web3.

Ayant toujours un pied dans l'écosystème de la tech et les NFTs étant encore un concept opaque à l’époque, j’ai été contacté à plusieurs reprises pour partager sur ce sujet, et je me suis prise au jeu.

J’ai finalement décidé de rentrer m’installer à Paris, et de garder la photo en passion. D’une part car la passion perd de son éclat lorsqu’elle devient une source de gagne pain puisqu’elle est soudainement teintée de diverses préoccupations qui ont tendance à obstruer la démarche artistique en elle-même. Et d’autre part, car être photographe en étant basée à Paris n’avait pas de sens pour moi puisque mon travail repose principalement sur l’aventure et les voyages, avec un vrai prisme nomade. Mon quotidien parisien en tant que photographe aurait été accompagné d’une solitude qui ne m’attirait pas.

J’ai donc décidé de commencer mes recherches pour un rôle d’investisseur dans un fonds ayant des bureaux à Paris (je ne souhaitais plus être en full remote) et avec, idéalement, une thèse web3.

C’est finalement Roxane Varza (Directrice de Station F), avec qui nous avons discuté lors de mon exposition photos, qui m’a parlé du fonds Ledger Cathay et m’a mise en relation avec Pascal Gauthier (CEO de Ledger). And the rest is history : j’ai rejoint le fonds Ledger Cathay en août 2022.

Peux-tu nous raconter ce qu’est le fonds Ledger Cathay et quel est ton rôle ?

Nous sommes un fonds de 100 Millions d’euros qui investit dans des entreprises web3 aux stades de *seed (*premier tour de table) et de *Serie A (*entreprise en développement), toutes régions confondues. Nous faisons typiquement des chèques entre 500 000 euros et 4 millions d’euros. 

Ledger et Cathay ont une relation historique puisque Cathay Innovation a investi dans Ledger en 2017 ; c’est donc naturellement que ce partenariat s’est créé.

Nous ne sommes pas un CVC de Ledger mais nous opérons comme un fonds de VC traditionnel, avec une base de LPs diversifiée (institutions, corporates, family offices etc.).

D’un côté Ledger apporte une expertise web3, grâce à sa place dans l'écosystème, ses 600 employés, sa technologie et son positionnement qui prône depuis maintenant plus de 7 ans les bénéfices de la blockchain, décentralisation et sécurité. 

De l’autre côté, Cathay Innovation apporte une expertise d’investissement pérenne et est l’entité régulée qui dirige le fonds. Cathay a commencé avec un fonds de Private Equity avant de lancer ses activités Ventures en 2016. Nous avons annoncé l’été dernier notre 3e fonds d’un Milliard d’euros avec lequel Cathay Innovation, dont la thèse est généraliste, de la Série A à la Série C.

Dans type d’entreprise web 3 investissez-vous ?

Pour l’instant nous regardons tous types de projets à partir du moment où il y a une brique qui touche au web3. Nous sommes particulièrement attentifs aux projets d’infrastructure, NFT,  DeFi, et gaming.

Penses-tu que le web 3 va révolutionner le monde des entreprises ou que ce n’est qu’une évolution digitale parmi d’autres ?

Le web3 n’est pas une industrie en soi mais va révolutionner toutes les industries.

C’est une philosophie, une nouvelle manière de penser qui repose sur des valeurs phares comme la transparence et la décentralisation, et qui apporte avec elle de nouveaux moyens de gouvernance et une technologie sécurisée, rapide et sans frontières.

Le web3 n’est pas une illusion mais une vraie révolution qui va petit à petit toucher chaque industrie et nous rapprocher de “The Tokenisation of Everything.

On remet ta casquette de photographe : penses-tu que la blockchain soit une opportunité pour les artistes ?

Oui, de trois différentes manières.

D’une part et d’un point de vue financier, le web 3 permet de se désintermédier de la galerie (qui prend 30 à 60% de commissions) en offrant une alternative avec les NFT. Je rappelle que les commissions sur les plateformes de NFT se situent entre 1% et 15% maximum.

D’autre part, sur la traçabilité de l’œuvre. L’artiste peut continuer à toucher des royalties lors des ventes secondaires de ses œuvres, ce qui n’est pas le cas dans le monde traditionnel. Aujourd’hui, si tu revends une de mes œuvres à quelqu’un d’autre, je n’en saurai rien et je ne toucherai pas de commissions sur ce marché secondaire.

Enfin, c’est une opportunité pour construire des liens particuliers avec sa communauté. Le web 3 permet un alignement des intérêts entre les collectionneurs et les artistes puisque du fait de ce marché secondaire, le soutien des premiers bénéficient aux seconds. On crée une nouvelle forme de cercle vertueux.

Comment vois-tu l’évolution du fond Ledger/Cathay ?

C’est un premier fonds qui a été lancé. On aspire naturellement à en lancer d’autres. It’s a long-term game.

Que dis-tu des critiques vis-à-vis du Web 3 ?

Tout dépend de l’angle de ces critiques et des arguments mis en avant.

Certaines sont bien évidemment fondées. L’industrie est encore très jeune et immature. La technologie doit encore se stabiliser et des failles existent (même si des évènements marquants comme The Merge prouvent sa puissance et son potentiel). Certains concepts sont encore opaques et les régulations sont embryonnaires, laissant ainsi d’importantes zones grises qui peuvent être dangereuses.

Mais d’autres critiques manquent de fondements et font des raccourcis néfastes pour l’industrie.

L’exemple de FTX est frappant. On a blâmé la crypto là où la faille se trouvait dans le système de gouvernance et dans des erreurs humaines et non technologiques. FTX n’est pas différent d’un cas à la Madoff. Il s’agit d’un abus de pouvoir qui a été possible de part la structure centralisée de cette organisation et du manque de transparence dans la gouvernance mise en place. La blockchain apparaît au contraire comme une solution et non une cause dans ce cas précis.

Les critiques constructives et fondées permettent d’orienter le débat et de focaliser les efforts sur les bons chantiers afin de mettre en place des mesures et outils préventifs, de stabiliser la technologie et de favoriser progressivement l’adoption de masse.

Dans 5 ans, le fonds Ledger / Cathay, ça ressemble à quoi ?

Nous aurons déployé notre deuxième fonds, et pourrions avoir d’autres véhicules telle qu’une DAO. Nous explorerons différents modèles.

Notre objectif chez Wagmi Trends c’est de démocratiser le Web 3 et de décrypter cette révolution numérique : penses-tu que cela soit possible auprès de tous ? Si oui comment ?

Je pense que c’est possible et même inévitable, c’est ce vers quoi on tend. Le motto de notre fonds est d’ailleurs “Onboarding the next billion users to web3.
Mais aujourd’hui, le chemin est encore long pour arriver à démocratiser ces technologies auprès du grand public, notamment en termes d’expérience utilisateur qui pourrait permettre de rendre cette technologie accessible à tous, sans même nécessairement en avoir conscience.

C’est pour cela que l’on regarde de près les projets portés sur l'infrastructure et les outils développés pour aider et démocratiser les usages du web3.

L’infrastructure et l’UX sont clés pour l’adoption de masse.

On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?

Lettres à un Jeune Poète, de Rainer Maria Rilke.

Ton ou tes Film(s) culte(s) ?

La Chèvre de Francis Veber.
Incendies de Denis Villeneuve.

Ta série crush ?

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