Marie Robin
Fondatrice de Fleet Collective
Bonjour Marie, pourrais-tu s’il te plaît présenter ?
Je suis la fondatrice de Fleet Collective qui a pour ambition première d’embarquer la prochaine génération de freelances du web 3.
J’ai été consultante social media et digital pendant 12 ans et travaille à mon compte depuis six ans.
En janvier 2021, j’ai commencé à investir en cryptos puis en NFT, et c’est à ce moment-là que je me suis immergée totalement dans le fabuleux monde du web 3.
J’avais monté un premier collectif de freelances qui m’apportait beaucoup ; c’est donc naturellement que je me suis orientée vers les indépendants souhaitant « transitionner » vers la version web 3 de leur job. C’est ainsi que Fleet Collective est né en avril 2022.
Qu’est ce qui t’a poussé à t’intéresser au web 3 ? Et pourquoi ?
En 2016, les outils web 3 étaient peu accessibles pour des profils peu tech comme le mien.
La blockchain, les cryptos (...) me paraissaient alors hors de portée. Avec l'évolution des outils, des discours et à un moment où je cherchais à diversifier mes investissements, je me suis lancée dans les cryptos.
S’agissant des NFT, j’avais l’impression de mieux maîtriser ce sujet, que je percevais davantage orienté marketing et communautés.
Pendant mon congé maternité qui est tombé en 2021, j’ai pu davantage m’investir et j’ai particulièrement été impliquée dans les premiers projets NFT portés par des femmes (« women in NFTs ») qui visaient à plus d’inclusion dans ce milieu sur fond de pédagogie, bienveillance et de solidarité.
En tant que passionnée des communautés en ligne, c’était la première fois que j’en voyais d'aussi investies. C’est ce qui m’a convaincue que le web 3 était fait pour moi.
Peux-tu nous raconter Fleet Collective : la genèse, vision, objectifs ?
Nous sommes plus de 470 freelances essentiellement en France mais aussi en Europe, Asie, Afrique et Etats-Unis.
J’ai voulu inscrire Fleet dans les valeurs humaines qui m’ont toujours séduite dans les collectifs, puis dans le web 3: l’accès est gratuit pour tous les freelances.
On s’est rendu compte qu’on attirait de nombreux indépendants en cours de « transition web 3 », et non uniquement des profils qui y travaillaient déjà, nous avons donc décidé de filtrer nos initiatives selon 3 axes:
- L’apprentissage pour les plus débutants (« Learn »): observer des projets en cours, se nourrir de la mise en commun de notre veille et de nos ressources, de workshops d’experts dans notre Discord.
- L’expérimentation avec des cas concrets lors de « sprints » en petits groupes (« Build »).
- Des opportunités de travailler ensemble sur les projets de nos clients, pour les plus aguerris (« Work »).
Nous construisons Fleet collectivement avec nos membres qui le souhaitent : des talents tech, design, marketing, product, business notamment.
Bientôt, une DAO regroupera nos contributeurs pour gouverner ensemble le collectif. Nous sommes d’ailleurs en train d’étudier la meilleure façon pour eux de collecter des royalties en tant que co-producteurs / co-promoteurs des produits et services de notre écosystème en construction.
Nous explorons toutes les pistes susceptibles de générer un complément de revenu à nos freelances (l’apport d'affaires fait partie des solutions que nous avons adoptées) et de leur permettre de travailler dans les meilleures conditions.
Nous proposons enfin des services aux entreprises qui ont des difficultés à identifier les talents web 3 dont elles ont besoin en plus d’un pilier formations, pour les embarquer elles aussi dans ce nouvel espace.
On ne veut pas vendre des prestations NFT ou metaverse pour surfer sur des mots tendances mais plutôt mettre ces outils au service des marques pour répondre à leurs problématiques marketing et RH car on est convaincus que c’est l’avenir du travail et du web.
Fleet Collective dans 5 ans ça ressemble à quoi ?
Notre objectif n’est pas de « créer le Malt du web 3 ».
Nous voulons faire de Fleet le label professionnel pour recruter dans le web 3 : nos contributeurs / membres ayant suivi nos formations ou travaillé pour nos clients détiendront dans leur wallet des certifications Fleet et recommandations attestant de la nature / date / durée / qualité de leur engagement à nos côtés, le tout sur la blockchain pour rassurer, et convaincre des recruteurs.
Les produits et services montés par nos freelances profiteront du rayonnement de notre marque et de notre communauté, et les freelances investis dans la réussite d’un projet sont rémunérés à la hauteur de la valeur qu’ils génèrent, un peu comme dans un système de franchise.
On a tout un écosystème en construction, préparez-vous !
Comment vois-tu la place du Web 3 dans la vie des freelances d’ici 5 ans ?
Le fait de pouvoir bâtir sa réputation professionnelle « on chain » est un petite révolution en soi.
Qui sait, dans le futur peut être que certains freelances feront carrière dans le plus grand anonymat. Fini la discrimination, les biais des recruteurs ! Les preuves de leur professionnalisme et de leur engagement seront suffisantes pour les clients recherchant les meilleurs talents pour leurs projets !
J’aimerais aussi que les valeurs du web 3 participent à normaliser le fait que les créateurs quels qu’ils soient reçoivent les fruits de la valeur qu’ils participent à générer.
Comment vois-tu la place du Web 3 dans la vie des gens à échelle de 5 ans ?
Aujourd’hui on a tous des comptes avec plusieurs mails et une multitude de mots de passe avec lesquels on s’emmêle les pinceaux.
Demain, avec le wallet connect permettant d’accéder à n’importe quel service décentralisé, nous allons progressivement sortir de ce système (enfin !).
On utilisera les mêmes genres de services qu’avant mais hébergés sur une blockchain. La culture de l’open source (qui dévoile le code de ces plateformes à qui le souhaite) rendra potentiellement fatale pour un service toute rupture du « contrat de confiance » (faille dans la gestion des données / exploitation des utilisateurs…).
C’est à mon sens cette considération qui rebattra les cartes et accélèrera une adoption plus « mainstream. »
Quels conseils donnerais-tu aux entrepreneur-es / freelances qui se lancent dans le Web 3 ?
Je pense qu'il faut comprendre ce qui fait qu’on va avoir envie d’être plus ou moins actif dans un projet avant de lancer le sien. Apprendre en faisant est très répandu dans le web 3.
Quand on manque de recul et de supports théoriques il reste l'expérimentation : attention à vous poser des limites, il y a un vrai risque de vouloir faire trop de choses en même temps !
Il y a beaucoup d’aspects à assimiler. Certains seront découragés par l’aspect technique de ces nouveaux termes et usages.
En temps un, prenez un sujet après l’autre, focalisez vous sur les bases, la culture, la philosophie de la décentralisation.
Tout bouge très vite dans le Web 3, et selon votre activité vous n’avez pas besoin d'être à 100% au point sur 100% des concepts.
Que dis-tu des critiques à l’encontre du Web 3 ?
On ne va pas renoncer à une innovation technologique car elle trop jeune ou imparfaite.
La vision est là, on est déjà dans le web 2.5, la décentralisation est la prochaine étape qui fait le plus de sens.
Le web 1 et web 2 ont commencé avec des produits imparfaits puis l’expérience utilisateur s’est améliorée et enrichie.
En tant que "builders" ce qui fera la différence c’est de travailler à délivrer une vraie utilité sur le long terme, bâtir de la confiance et du relationnel.
Ce n’est pas pour rien qu’il y a une telle culture des communautés organiques et des partenariats dans le web 3. Les spéculateurs et les opportunistes feront toujours partie du paysage, comme dans tous les business.
As-tu un message à faire passer ?
Ce qui m’a séduit dans le web 3 c’est la bienveillance et la solidarité qui poussent des personnes très occupées à prendre de leur temps pour aider des personnes plus néophytes pour qu’ils comprennent, se forment et s’approprient ces nouveaux concepts.
Si on prend tous le temps de donner un peu du nôtre, on y arrivera (WAGMI !) !
Au-delà de la technologie, appréciez la force des liens humains au sein du Web 3, cette effervescence où des passionnés se retrouvent malgré leurs parcours bien différents est incroyablement stimulante !
Notre objectif chez WagmiTrends c’est de démocratiser le Web 3 et de décrypter cette révolution numérique : penses-tu que cela soit possible auprès de tous ?
Si ma mère est aussi active sur Facebook, Instagram ou Whatsapp, si elle a fini par accepter de renseigner son code de carte bleue sur des sites e-commerce alors oui, je pense qu’à terme, avec les bons outils on y viendra.
En revanche, on n’utilisera plus des acronymes indigestes : les NFT / Metaverses (…) seront juste les nouveaux incontournables de nos expériences digitales.
Il paraît que l'adoption du Web 3 en 2022 équivaut à l’adoption d’Internet en 1998 : l’adoption de masse n’est pas loin !
Passons aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?
J’ai fini récemment « Voyage au cœur du cerveau de bébé » de John Medina, et je vais maintenant m’atteler à « The culture code » par Daniel Coyle !
Ton ou tes Film(s) culte(s) ?
Forest Gump : il y a plein de messages positifs j’adore, et Tom Hanks est remarquable !
Ta série crush ?
Working Moms : jubilatoire, loin des clichés de la mère parfaite d’Instagram ! De belles histoires d’amitié, des vraies galères quand il s’agit de jongler entre vies pro et perso, et de la sororité entre femmes actuelles !
Ta playlist ?
Essentiellement des trucs "old school" et de la chanson française, pas hype du tout !