27/11/2022

Olivier Senot

Directeur Innovation Docaposte

Olivier Senot Docaposte
« Sans confiance, pas de vie numérique. »
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✍️ Alex

👀 Mes articles

Nous avons fait la connaissance d’un expert inédit de l’innovation : Olivier Senot, directeur de l’innovation chez Docaposte.

Olivier a un parcours scientifique, technique et également d’entrepreneur : du nucléaire en passant par l’import du café et la gestion d’un media, Olivier nous livre avec simplicité et engagement, sa vision des enjeux et de la confiance numérique, les perspectives européennes en termes d’innovation et bien d’autres sujets plus passionnants les uns que les autres.

Nous vous laissons savourer la lecture de ce portrait riche, passionnant et découvrir les goûts littéraires, musicaux et audiovisuels d’Olivier.

Bonne rencontre de ce nouveau Wagmi Doer buildeur !

Bonjour Olivier, pourrais-tu stp te présenter ?

Je suis Olivier Senot, directeur innovation du Groupe Docaposte, en charge des nouvelles technologies et de leur intégration dans les offres du Groupe.

J’ai un parcours scientifique (mécanique, nucléaire puis informatique chez IBM), doublé d’un parcours entrepreneurial. Après plusieurs années dans des fonctions de consultant, commercial, responsable partenariats Europe, au sein de startup j’ai créé dans les années 2 000, une première société de « crowfounding » à une époque où le mot commençait à émerger mais c’était encore trop tôt, le public n’était pas prêt à confier ses économies au travers d’une plateforme.

Après quelques années salarié, j’ai de nouveau été pris par la fièvre créatrice mais hors IT, dans le café d’abord puis dans l’énergie, au travers un journal d’analyse scientifique et technique trimestriel, ces 2 sociétés étant toujours actives mais aux mains d’autres associés, l’informatique m’ayant rappelé à son bon souvenir.

Quels sont tes sujets de prédilection côté innovation numérique ?

Depuis 2015, un de mes sujets de prédilection c’est la blockchain.

Cette année-là, on s’est penché avec une équipe de recherche sur ce qu’était la blockchain. On commençait à beaucoup en parler, et la technologie semblait prometteuse, il était donc temps de l’étudier à l’aune de son usage possible au sein des offres de confiance de Docaposte. Pour savoir quoi en faire, la première étape fut de creuser le sujet sur le plan technologique avec une équipe de chercheurs internes.

En 2018, l’équipe a commis un article scientifique démontrant l’utilisation de la BlockChain pour apporter la preuve d’un contenu sans le divulguer, article soutenu lors d’une conférence scientifique en 2019 et consultable sur HAL.

Nota bene : pour les curieux, vous pouvez aller consulter l’article ici.

Qu’est-il ressorti de cette étude ?

Il en est ressorti deux choses :

  1. La validation de la technologie comme étant un vecteur de performance de nos offres.
  2. Une idée : utiliser cette techno dans le cadre de la lutte contre la fraude bancaire, qui a donné naissance à ARCHIPELS.IO, société co-créé avec le Groupe La Poste, la Caisse des Dépôts, Engie et EDF.

La société a comme vocation de garantir qu’un document (cf justificatif de domicile par exemple) est intègre lorsqu’il est présenté à un interlocuteur tiers (banque, assurance, etc…), permettant ainsi d'accroître la lutte contre la fraude documentaire.

Présenté en 2019 lors de l'événement Vivatech, la société a été créée en 2020 et délivre depuis le service auprès de nombreux clients. Cet angle de lutte contre la fraude pivote aujourd’hui pour s’intéresser aux vérifiables credentials, vérifiables presentations, etc… futures pierres angulaires de la confiance dans l’environnement Web 3.

Aujourd’hui la BlockChain n’est plus un sujet de recherche mais de déploiement et de cas d’usage au sein du Web 3, du wallet d’identité aux métavers et leurs usages en passant par les NFT, nous étudions maintenant comment tirer parti de la technologie toujours au profit de nos clients.

Peux-tu stp nous parler de Docaposte ?

Docaposte est la filiale numérique du groupe La Poste à ne pas confondre avec la DSI de La Poste.

L’entreprise compte 6 500 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 750 millions en 2021.

Docaposte prolonge dans le monde numérique la promesse de confiance portée historiquement par La Poste dans le monde physique, en mettant ses solutions au service des entreprises et des institutions publiques, et en se concentrant sur 4 marchés stratégiques :

1. Santé

2. Secteur Public

3. Banque finance Assurance

4. SMB.

Le socle commun qui irrigue notre positionnement, nos métiers et donc nos solutions est la confiance.

Nous portons une attention particulière au développement dans toutes nos activités, d’un numérique de confiance, basé sur le respect des principes de sécurité et de transparence dans l’usage des données de nos clients.

Docaposte dispose des savoir-faire métiers et technologiques nécessaires pour proposer un ensemble de solutions interopérables et pour concevoir tout type de plateformes numériques. Développant ses propres services de confiance, Docaposte est en capacité d’imaginer et de développer dans des délais courts, grâce à ses assets, à la combinaison de ses infrastructures numériques et à ses équipes, des parcours numériques qui répondent aux besoins de tous ses clients.

Expert technologique et dans le traitement de données sensibles et Tiers de confiance, Docaposte est le leader des solutions numériques de confiance : vote électronique, lettre recommandée électronique, signature électronique, archivage numérique.

Docaposte est également opérateur de l’identité numérique, seule identité qualifiée au niveau substantiel par l’ANSSI et de Digiposte, deux offres phares de la confiance numérique.

Et naturellement, nous intégrons dans toutes nos solutions et nos plateformes les dernières innovations pour en améliorer la valeur, la productivité et la sécurité : la comparaison faciale, la blockchain, et bien sûr l’IA avec un pôle dédié qui compte près de 400 data scientists (…).

En effet, Docaposte est un acteur majeur de la data et de l’IA en France et dispose de l’une des offres les plus complètes du marché sur toute la chaîne de valeur des projets d’IA : design et architecture de la solution globale, transformation des données pour les adapter aux algorithmes d’IA et création des interfaces utilisateurs.

La culture de l’innovation chez Docaposte repose donc sur l’association de nos experts (UX / UI designers, développeurs, ingénieurs, architectes...) et de notre savoir-faire technologique.

Quel est ton rôle au sein du groupe ?

Je dirige le pôle innovation du groupe ce qui recouvre plusieurs activités tant le thème peut être très large, et pour atteindre les 3 objectifs :

  • Augmenter, la valeur perçue des offres ;
  • Construire le leadership Docaposte dans la confiance
  • Explorer et intégrer les nouvelles technologies court moyen et long terme, je dirige plusieurs activités :
  1.  Veille et étude des nouvelles technologies et cas d’usages car nous ne sommes pas une entreprise de recherche fondamentale mais nous cherchons à utiliser les nouvelles technologies au profit de la performance de nos clients. Au travers du programme interne FIEVRE nous sommes présents dans le consortium de projets de recherche Français et Européens.
  2. Création de nouveaux produits/services, au travers de POC qui sont ensuite déployés au sein des business units. C’est le cas, par exemple, sur la cryptographie post-quantique, de la Trust NFT Factory qui permettra l’émission de NFT dans un environnement de confiance et de conformité aux réglementations Européennes ou de produits de cyber sécurité en partenariat avec un grand acteur du secteur. Nous souhaitons développer les NFT « utilities », c’est-à-dire, ayant une valeur d’usage tels que les billets de spectacles, les coupons de réduction, la capacité de faire de ce NFT une marque différenciante en termes de RSE, de « sustainability », le NFT comme outil d’engagement citoyen (…).
  3. Participation aux écosystèmes Français et Européens, tel que Gaia-x pour lequel Docaposte est membre fondateur, l’Alliance BlockChain France, les associations professionnelles et les grands instituts de recherche comme l’INRIA avec qui nous avons un partenariat de recherche privilégié ou encore en tant que Chaiman au sein de l’AFNOR.
  4.  Accompagnement Startup, en étant Advisor au sein de la Poste Venture, Corporate VC du Groupe La Poste qui finance entre 5 à 8 start-ups par an, et également en opérant le programme French IoT qui accompagne chaque année plusieurs dizaines de startups. Notre rôle ? Accompagner, former, et offrir un réseau pour le déploiement efficace de ces projets.

Qu'est-ce que la confiance numérique ? Et comment, concrètement, se traduit-elle ?

La confiance numérique a l’avantage d’être mesurable au travers de plusieurs aspects : la pérennité, la qualification.

Être reconnus par l’ensemble de la profession et des spécialistes de la société comme étant garante d’un processus qui ne mettra pas en cause l’intégrité des échanges. C’est un élément tangible prouvant que les outils proposés sont des outils de confiance.

Comment envisages-tu la place de la blockchain dans la vie des gens à échelle de 5 ans ?

Elle va avoir une place prépondérante auprès de tous les citoyens même avant échéance 5 ans, c’est l’usage qui sera fait de cette technologie qui va favoriser l’adoption de masse.

Les premiers usages sont actuellement pilotés par la Commission Européenne autour du wallet d’identité européenne pour l’utilisateur, un portefeuille numérique qui lui permettra de s’identifier sur des sites web et de prouver son identité et ses attributs d’identité dans l’ensemble des 27 pays membres de la communauté Européenne.

On est sur une échéance relativement courte puisque la Commission Européenne a 2 échéances :

  1. 2024 : la technologie et le wallet seront disponibles auprès des Etats qui auront l’obligation de le mettre à disposition auprès des citoyens.
  2. 2030 : la Commission Européenne vise une adoption de ces wallets par les citoyens européens à hauteur de  80%. 

Cette adoption te semble jouable au vue de ces échéances ?

En 2019, quand on a vu le calendrier de la Commission Européenne, on s’est clairement dit que ce n’était pas jouable. Aujourd’hui, on constate que l’Institution suit le calendrier initial prévu, il est donc très probable (sauf blocage de dernière minute) que ce calendrier soit respecté.

Comment la Commission Européenne pousse les Etats à adopter l’utilisation de la blockchain ?

La Commission s’appuie d’une part sur une réglementation à paraître en principe en 2023, et d’autre part, sur des appels à projet européens visant à créer les prototypes de ce wallet et de ses cas d’usage, Docaposte est leader sur l’un d’entre eux.

A ton avis, comment démocratiser ces nouveaux usages numériques et les rendre accessibles au plus grand nombre ?

En faisant disparaître la notion de complexité technologique apparente pour favoriser l’usage et l’utilisation de la valeur ajoutée technologique pour les cas d’usage.

Si l’on veut faire un parallèle simple, l’utilisation d’internet par près de 4 milliards d’être humain est basée notamment sur une technologie appelée TCP/IP, que personne ne connaît ou presque et qui est pourtant le socle indispensable à l’existence d’Internet.

La BlockChain est aujourd’hui un socle sur lequel se bâtissent les nouveaux usages et la technologie sera peu à peu masquée, l’UX/UI a un rôle indispensable pour rendre « fluide » son utilisation avec en parallèle la sécurité et la confiance.

Si l’on revient à la Commission Européenne et le cas d’usage de l’identité numérique au travers du wallet, cela ouvre 2 perspectives :

  1. la capacité native de s’identifier électroniquement sur tous les sites web ;
  2. la technologie du wallet et des vérifiables credentials permettront d’introduire la notion de pseudonyme opposable (reprise dans le rapport sur le metaverse p. 96, commandé par le gouvernement et remis le 24 octobre 2022 à Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, et Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications), et de garantir certaines informations autour du pseudonyme sans révéler l’identité de l’utilisateur.

L’impact du pseudonyme opposable est très simple, au lieu de me connecter en tant qu’Olivier Senot, je me connecte en tant que Donald Duck et la plateforme aura uniquement l’information que je suis résident Européen et que j’ai plus de 18 ans par exemple.

En cas de comportement répréhensible, seule l’autorité compétente pourra déterminer qui est le propriétaire de ce pseudonyme. C’est un moyen efficace pour éviter les Bot et un moyen simple d’éliminer 99,9% des comportements déviants, sectaires ou outrageants tout en fluidifiant et en apportant de la confiance dans les environnements numériques.

Que penses-tu des critiques à l'encontre du web 3 ?

Le Web 3 est si nouveau qu’il est même difficile de le définir, si j’écoute les griefs je pense toujours à cette phrase d’Arthur Schopenhauer « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence », qui s’applique très bien à l’innovation et nous sommes entre l’opposition et l’évidence.

Ensuite, quelles que soient les critiques à l’encontre du Web 3 une chose est certaine, le coup est parti, la techno est là, elle est utilisée, draine plusieurs centaines millions de dollars d’investissement, son avenir existe.

Enfin le Web 3 porte un intérêt très important pour les utilisateurs car c’est le renversement du paradigme de la donnée. Jusqu’à présent toutes les plateformes disposaient de toutes nos données personnelles ; l’avènement du Web 3 marquera le retour au pouvoir du citoyens sur ses données.

As-tu un message à faire passer ?

Au travers de la gestion des données personnelles et de l’identité, le Web 3 va apporter de la confiance dans les environnements virtuels. Et sans confiance, il n’y pas de vie en société.

Si on veut une vie saine dans la société numérique, il faut avoir les moyens de la confiance.

Apporter de la confiance dans le monde virtuel, c’est apporter de la confiance dans la vie en société dans le monde virtuel.

Docaposte dans 5 ans ça ressemble à quoi ?

Docaposte dans 5 ans, sera ancré comme acteur majeur Européen de la confiance numérique suivant ainsi SEs deux ambitions, initiées dès 2018 :

  1. Croître par la croissance organique mais également par croissance externe.
  2. Être l’acteur de confiance Européen, avec en 2022 la décision de se positionner à l’international.

On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?

Entre autres activités, je suis également impliqué dans certaines études prospectives, j’ai donc toujours en ligne de mire les œuvres dystopiques d’Orwell, Huxley, Asimov, etc… qu’il faut relire tant ils sont d’actualité. Un des bouquins que je recommande de lire c’est « Le monde en 2030 vu par la CIA », s’il n’a que peu d’attrait littéraire, c’est une mine d’informations qui esquisse les tendances relevées par les prospectivistes parmi les meilleurs au monde.

Je recommande aussi une excellente newsletter « The conversation » qui traite des sujets d’actualité en profondeur.

Une ou des série.s crush ?

Il y a en a deux : Black Mirror pour son côté prospective dystopique et Love death and robot qui mêle dans certains épisodes technologie et philosophie.

Un film ou des films cultes ?

2001 l’Odyssée de l’espace, incontournable.

Un autre film ? « Idiocratie » de Mike Judge : c’est un très mauvais film d’un point de vue artistique mais excellent en tant que vecteur psychologique de transfert à tous les étages : management / politique / économique. Ce film date de 2007, et son scénariste Etan Cohen a mentionné dans une interview en 2016 et reprise depuis qu’il ne pensait pas que ce film de fiction deviendrait un documentaire, parlant ainsi de la politique américaine, tout un programme.

Quel genre de musique écoutes-tu ?

J’écoute essentiellement du classique (Opéra de Carmen) et de la soul.

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