27/02/2023

Romain Bailleul

Web3 Advisor & Builder

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Romain Bailleul
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✍️ Alex

👀 Mes articles

🤘Hello le Wagmi Gang,

Nous avons fait la connaissance d’un entrepreneur plein de reliefs ! Ce portrait est à l’image de l’interviewé : engagé, drôle, piquant, vif et bourré d’humanité !

Romain Bailleul, advisor et builder Web3, a fondé son incubateur, La Mine, en 2022 après 4 années passées dans le milieu de la blockchain. De formation infirmier, il nous partage son histoire, son empathie pour les autres, et sa passion pour la tech qui ne l’a jamais quittée.

Élève brillant, Romain est un bosseur, fonceur, qui aime relever les défis et qui reste attentif à son environnement. Conscient de la disparité numérique et des déserts digitaux, Romain souhaite également œuvrer pour l’accessibilité du numérique pour tous les gens.

Bonne lecture d’un nouveau Wagmi Doer plein de panache !

Alex 🧡

Bonjour Romain, pourrais-tu s’il-te-plaît présenter ?

Je suis Lillois, j’ai 36 ans. Je suis né dans un village de 8 000 habitants, proche de Béthune et du bassin minier, je suis issu d’une famille ouvrière et fier de mes racines.

J’avais des facilités à l’école, je m’ennuyais, je préférais apprendre des choses par moi-même plutôt que de suivre des cours. J’ai même gagné un concours de maths régional !

Ma mère m’a poussé à faire des études car elle n’a pas eu cette chance.

J’étais d’un côté un enfant modèle, poli, studieux et de l’autre, pirate et turbulent : je montais mes Legos puis je cassais tout. Déjà enfant, je ne supportais pas l’injustice quitte à me faire corriger. J’ai été éduqué par ma grand-mère, elle-même élevée par sa grand-mère à l’ancienne sur fond de feu à charbon.

Cette enfance m’a apporté de belles valeurs, le respect notamment, et puis un socle, un ancrage.

J’ai passé mon brevet avec succès. Puis, vint le lycée. Et là, l’ouverture vers le monde. J’ai commencé à faire des bêtises et mes notes ont un peu dégringolé mais j’ai eu mon Bac Scientifique. Je ne m’attendais pas à l’avoir : je me suis retrouvé dans une fac en Sciences de la vie. La fac, cela n’était clairement pas pour moi. C’est devenu une année semi-sabbatique.

Par un hasard de la vie, j’étais en soirée, et un ami m’a montré ses cours d’infirmier. À ce moment-là, sur un coup de tête, j’ai décidé de devenir infirmier. Je m’inscris aux concours, je le passe, je réussis et suis classé dans le top ce qui me donne accès à la Croix Rouge Française de Béthune.

Je me suis retrouvé propulsé dans un stage où j’ai dû apprendre, seul, sans préparation ni accompagnement à laver un papy. Je lui ai demandé comment faire : il m’a appris, tout en me parlant de sa vie, de la guerre qu’il avait vécue. J’aurais pu être choqué d’avoir été lancé sans préparation nécessaire préalable mais j’ai adoré ce contact humain. Je me suis rendu compte que c’était ma passion. Les gens.

Je suis devenu infirmier polyvalent : en convalescence, en pédiatrie, chirurgie-cardiaque, neurochirurgie, soins palliatifs, soins à domicile, bloc opératoire (…). J’ai quasiment fait le tour de tous les types de services. J’ai toujours été cadré et structuré : quand tu as la vie des gens entre tes mains, tu ne peux pas faire n’importe quoi.

Ce qui m’animait de plus en plus c’était le soin et le contact humain dans un contexte où les moyens matériels s’écroulaient progressivement. Apporter du soin par la parole, de l’accompagnement.  

Plus tard, j’ai eu envie de devenir commercial santé mais on m’en a empêché. C’était sans compter que quand j’ai une idée dans la tête, je n’en démords pas. J’ai retouché mon CV pour y mettre “commercial santé”, j’ai postulé dans plusieurs boîtes au culot et ça a marché !

Comment passe-t-on du métier d’infirmier à celui du conseil en web 3 ?

J’ai toujours été un technophile. J’ai monté ma première tour quand j’étais adolescent.

J’ai connu l’encyclopédie Encarta où j'ai passé des heures entières, puis internet avec les modems 56k et leurs quelques heures de connexions mensuelles que j’explosais en quelques jours au grand dam de ma mère !

Je ne suis pas passé de pâtissier à magicien. Finalement, tout s‘est fait de façon progressive.

J’ai été dans l’éducation thérapeutique : je donnais des conseils à des patients qui avaient des pompes à insuline juste avant de devenir commercial dans le monde de la santé. Et c’est grâce à une rencontre, que je suis rentré dans une start-up.

On sait tous comment cela se passe dans ce milieu, il faut faire le travail de 10 en étant 2 ou 3 collaborateurs et quand on n’a pas toutes les compétences en interne, pas le choix il faut les développer !

C’est ainsi que je me suis auto-formé au Marketing, au Growth Hacking, au Community Managing, au copywriting (etc…) et que j’ai commencé à créer ma communauté sur Linkedin en partageant des posts sur les cryptomonnaies (ça n'intéressait vraiment personne à l’époque mais j’ai désormais plus de 17.000 abonnés qui suivent régulièrement mes publications).

J’insiste vraiment sur les « soft skills. » J’ai toujours été curieux, j’ai appris l’organisation et la remise en question permanente. Mon côté empathique, mes valeurs humaines ont un gros avantage dans cet écosystème, et je sais créer une relation de confiance avec mes partenaires et mes clients.

Qu’est-ce qui t’a amené à créer ton incubateur, La Mine ?

En mai 2022, avec mon associé, on s’est demandé quoi faire. Qu’est ce qui pourrait apporter de la valeur ajoutée et des solutions à ceux qui construisent des projets ?

Au départ, on a commencé par conseiller gratuitement. Puis rapidement, on s’est rendus compte que c’était la jungle : difficultés à trouver des experts qualifiés, des fonds, de bons interlocuteurs (…).

On a réfléchi à un travail de mentorat, juridique, de growth hacking tout en développant un réseau de partenaires pour aider l’écosystème à se développer.

On veut être là : quand t’es seul dans la gadoue et que personne ne te tend la main, et bien, il y a nous ! On est devenus un incubateur (malgré nous) via le retour de nos pairs et confrères qui nous disaient qu’on en était un !

Grâce à mon associé, Eloi Demeerseman, qui a eu une agence marketing pendant plusieurs années, on a pu avoir des réductions conséquentes sur des centaines de logiciels, à peu près 400 000 € en tout, ce qui est clairement un atout pour l’accompagnement de startups.

Concrètement, c’est quoi un incubateur ?

On travaille avec des humains, pas avec des projets. On accompagne des projets principalement web3 (mais pas que) avec de réels cas d’usages et apportant une solution à un marché identifié. Comme dans la loi de Pareto qu’on aime beaucoup, on apporte 80% des compétences et du conseil, et 20% vient des « advisors » et partenaires.

On accompagne les gens et leurs projets sur toutes sortes de problématiques : levées de fonds, stratégies (…).

On ne prospecte désormais quasiment plus : tout fonctionne par bouche à oreille.

Nous avons identifié 2 personas marketing principaux : i) le crypto addict : celui qui touche au web 3 mais n’a jamais entrepris et qui est largué sur l'entrepreneuriat traditionnel ii) les entrepreneurs traditionnels qui n’ont ni le réseau ni les compétences web 3.

Selon toi, qu’est ce qui permet de pousser l’adoption de masse ?

L’essentiel c’est un sujet de communication. On a beaucoup communiqué sur la techno mais on s’en fiche ! Ce qui compte c’est le service rendu.

Quand on paie avec sa carte sans contact, est-ce que les gens connaissent tout le mécanisme technologique qu’il y a derrière ? En vrai, la majorité des gens ne savent pas !

Exemple :  pour le « ticketing » falsifié (cf ce qui s’était passé au Stade de France en mai dernier), on n’a pas besoin de savoir s’il y a un NFT derrière.

Les meilleurs projets ont une cuisine web 3 et une vitrine web 2.

Il faut réfléchir pour Mr et Mme Toutlemonde : sur LinkedIn, ça fait environ 4 ans que je publie sur les sujets liés à la crypto puis récemment NFT et Metaverse. Je me prenais des vannes des « haters » et aujourd’hui on me demande d’aborder davantage les sujets techniques.

Si tu es un vrai expert, tu peux expliquer le Web3 a un enfant de 12 ans. Par exemple, la clé publique c’est un RIB. La clé privée c’est un coffre-fort, plus sécurisé donc que mettre tes économies sous ton matelas.

Pour favoriser l’adoption de masse , il faut axer sur les usages et non la technologie qui permet ces usages.

En quoi la blockchain peut révolutionner le monde des entreprises ? Peux-tu s’il te plaît nous partager des exemples concrets ?

Bien sûr ! Tout dépend si on parle d’entreprises B2B ou B2C.

Mais quasiment toutes les industries seront impactées par la blockchain ; comme le web 1 a bouleversé toutes les industries.

Tout le monde a aujourd’hui une page web.

Demain ce sera pareil : traçabilité, gestion des fonds (comptabilité, utilisation de la trésorerie, transferts de fonds…), réglementations...

Autre cas d’usage : un boulanger qui veut augmenter sa capacité de fournil, aujourd’hui c’est super compliqué ! Demain il pourra faire une ICO auprès de ses clients en proposant un programme de fidélisation avec 10% de réduction sur ton pain par exemple. Et recréer ainsi un lien entre l’utilisateur, le client, et même l’entreprise.

Toute entreprise a besoin de créer du lien avec son client, et la blockchain permet cela.

A l'échelle de 5 ans, comment vois-tu la place de la blockchain dans la vie des gens ?

Un peu un travail de marabout mais je vais essayer de répondre : si on se réfère à l’adoption d’Internet, on est aujourd’hui dans les années 2000-2001.

Dans 5 ans , évidemment selon l’inflation et les évolutions du marché, les gens sauront de quoi on parle. Ce ne sera pas un sujet du quotidien pour tout le monde mais une bonne partie des gens.

Il y a 4 ans, quand je disais que je travaillais dans les cryptos, les gens ne savaient même pas ce que c’était. Aujourd’hui, il y a une meilleure compréhension de l’écosystème.

Je pense aussi qu’il y aura beaucoup de débouchés en termes d’emplois. Les métiers les plus recherchés ces prochaines années seront liés à la blockchain.

Que dis-tu des critiques vis-à-vis du Web 3 ?

Déjà, faire une autocritique : effectivement c’est une nouvelle techno, il faut éduquer, expliquer.

Deuzio, parlons simplement, et arrêtons l’utilisation de mots ou d’acronymes complexes : proof of work, smart contract, même NFT (…) !

Et puis, il y a également un phénomène de sentiment de déclassement : les gens se disent c’est pour les geeks. Il faut absolument améliorer nos communications, parler au plus grand nombre et montrer en quoi ça va changer notre quotidien.

Quand je parle de cas d’usages concrets, les gens comprennent.

Autre point, le web 3 aujourd’hui on ne sait même pas ce que c’est : est-ce que tout y est vraiment décentralisé ? Qu’est ce que le web 3 ? Les puristes parleront de la décentralisation, d’autres auront une vision plus business, il faut trouver un entre-deux.

Puristes ou maximalistes : on va tous dans la même direction, ça ne sert à rien que chacun prêche pour sa paroisse.

Notre objectif chez Wagmi Trends c’est de démocratiser le Web 3 (et les transformations numériques) : penses-tu que cela soit possible auprès de tous ?

Pour moi oui !

Avant d’être dans le Web3, il faut penser au web 1.

Il y a des millions de gens qui n’ont pas accès à Internet. N’oublions pas les gens qui sont laissés de côté dans cette transition numérique. Ne pas oublier les laissés pour compte du numérique.

Quand je bossais avec des personnes âgées, je me rappelle de l’une d’elle, assise devant ses impôts numérisés : on est jamais totalement sereins quand on remplit notre déclaration d’impôts en version numérique.

On a une population à deux vitesses, et cet écart se creuse de plus en plus. Les technophiles qui savent ouvrir leurs mails, utiliser un metamask (…), et d’autres complètement paumés, et ceux-là vont se retrouver sur le carreau.

Comment faire pour donner accès à cette évolution technologique à tous les gens ? Je ne suis pas un homme politique mais si un homme politique nous lit, qu’il prenne le sujet en main !

Aujourd’hui on parle d’illettrisme, d’analphabétisme, on devrait parler « d'innumérisme. »

Ne pas avoir un ordinateur ou une connexion correcte à Internet correcte font de toi un citoyen de seconde zone.

La bonne nouvelle c’est qu’avec la population qui vieillit, les papys de demain seront les geeks d’hier. En attendant, ça va beaucoup trop vite : il faut tendre la main aux gens exclus de ce phénomène de digitalisation.

On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?

Anthony Bourbon : Forcez votre destin.
J’aime son parcours, il a galéré dans la vie, il a réussi par ténacité et abnégation, et il est également très humble, je me retrouve beaucoup en lui.

Robert Kiyosaki : Père riche, père pauvre.
Je suis obligé de mentionner également ce livre qui est incontournable et a inspiré nombre d’entrepreneurs et d'investisseurs, un incontournable !

Ton ou tes film(s) culte(s) ?

Détente, thriller, films liés à la finance (…) : j’en ai plein !

Dikkenek pour son humour belge, et son autodérision me fait vraiment marrer !

Côté finances, Le Loup de Wall Street ou The big short.

Je suis aussi un grand passionné de sciences fictions : Inception, Interstellar, Matrix, ce qui nous attend demain.

Enfin, thriller, Shutter Island.

Tu es plutôt série(s) ou pas ?

J’aime bien ces anti-héros qui m'amènent à me questionner, ce côté miroir. Tu vois aussi les défauts que tu as en toi-même.

You, malaisant et captivant et Breaking Bad.

Ta playlist ?

Je suis un enfant de la techno. Quand j’avais 18 ans, j’avais accès aux meilleures boîtes de nuit à côté de chez moi à la frontière belge avec la House Music, le Hardstyle et le Jumpstyle.

Après j’aime aussi Gainsbourg, Renaud, Orelsan… Je suis ce qu’on pourrait qualifier de mélomane.

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