Sylvie Busca
CEO et co-fondatrice de Wine in Block

🖖Cher Wagmi Gang,
Aujourd’hui, nous te présentons Sylvie Busca, co-fondatrice et CEO de Wine in Block, qui nous partage les transformations technologiques pouvant bénéficier à l’industrie viticole.
Baignée dans le monde du vin depuis plus de vingt ans, Sylvie est une femme engagée à l’écoute des enjeux des domaines viticoles, de ses clients et également tournée sur le monde, son évolution et problématiques.
Sylvie nous explique simplement en quoi la blockchain peut faciliter la traçabilité, l’expérience client, l’authentification et même la conservation du vin !
Découvre enfin les goûts musicaux de Sylvie sur fond de Pauillac !
Quand la tradition se mêle à l’innovation : ça commence ici et maintenant. Bonne dégustation de ce nouveau portrait savoureux !
➡ NB : ceci est un message du Ministère de la Santé : attention, l’abus de l’alcool est dangereux pour la santé.
Bonjour Sylvie, pourrais-tu s’il te plaît présenter ?
Je travaille depuis plus de vingt ans dans l’univers du vin côtés commercialisation, export, marketing, et distribution plutôt sur les segments premium et ultra-premium.
En parallèle, j’ai toujours eu cette appétence pour les nouvelles technologies, qui ont une vraie utilité pour l’entreprise et les clients.
Qu’est ce qui t’a poussé à t’intéresser au Web 3 ? Et pourquoi ?
Il y a 4 ans, un ami, rentré du CES, m’a parlé de la blockchain.
Je me suis alors dit que la blockchain pouvait répondre à un certain nombres de problématiques rencontrées dans le vin, notamment :
- L’authentification
Lutter contre la contrefaçon avec cette notion de transparence.
Avec 11 milliards d’€ de ventes à l’export, le vin est le deuxième poste d’exportation de la France juste après l’aéronautique et devant les cosmétiques. Les pertes annuelles liées à la contrefaçon en Europe sont estimées à 2.4 milliards d’euros.
Aujourd’hui, il y a énormément de bouteilles qui sont renvoyées dans les domaines pour expertise.
- La traçabilité de la distribution
Dans le domaine viticole, et à travers le globe, il y a beaucoup d’intermédiaires.
Il est donc extrêmement complexe pour un domaine de savoir : i) si les circuits de distribution ont été respectés ; ii) si le vin a été revendu sur un marché secondaire et donc sujet à un phénomène spéculatif (comme c’est également le cas dans l’industrie du luxe).
Enfin, pour l’acheteur : comment vérifier l’authenticité de la bouteille et s’assurer de sa (bonne) provenance ?
- L’expertise client
Le vin n’est pas dans le secteur d’activité le plus innovant en termes d’expérience client. Les modes de communication entre un domaine et un client sont distendus.
Il y a, désormais, une vraie volonté de recréer un lien de confiance entre un domaine et les consommateurs finaux. Dès lors, comment recréer un lien de confiance et construire une communauté entre ma marque et mon domaine ?
Et justement, grâce à la technologie de la blockchain, on a la possibilité de bâtir un lien nouveau et durable entre les clients et les domaines.
Peux-tu nous raconter ce qu’est Wine Block : genèse du projet, enjeux et défis du marché du vin ?
En 2020, j’ai rencontré Jean-Rémi Quiriconi, ancien de Gemalto/Thalès spécialisé en sécurité, en IA et blockchain. On s’est associés avec d’autres partenaires qui nous accompagnent sur les enjeux de distribution et sur problématiques de défis juridiques.
Plus récemment, Fabien Guédé disposant d’une longue expérience des marchés financiers au sein de grandes banques françaises et américaines et par ailleurs collectionneur de grands crus, a également rejoint l’aventure. Au total, nous sommes 5 associés fondateurs.
Notre objectif ? Répondre aux trois problématiques mentionnées ci-dessus.
Notre démarche est pragmatique : on a identifié les problématiques, et nous aspirons à y répondre via des solutions fiables et concrètes.
Quels sont les principaux marchés de Wine in Block ?
Nous sommes principalement implantés sur deux marchés : la France et les Etats-Unis.
En France, quel est le pourcentage d’entreprises viticoles qui ont adopté la blockchain pour une meilleure traçabilité de leurs produits ?
Les premières arrivent !
Il existe aujourd’hui des systèmes de traçabilité via des QR Codes ou des combinaisons de technologies mais aucune solution n’a comme socle la blockchain.
En revanche, pas mal d’acteurs s’intéressent aux NFT pour différents cas d’usages.
Comment ça marche Wine in Block ?
Ça fait maintenant deux ans que l’on travaille sur des outils hardware et software.
On a déjà développé plusieurs dispositifs :
- Tags NFC qui se place derrière chaque bouteille de vin
On a ajouté un système anti-clonage. Le Tag NFC contient le NFT du passeport de la bouteille. Le consommateur vient simplement taguer le tag NFC et va accéder à toutes les métadonnées/informations sur le vin (domaine, traçabilité…). Il peut même télécharger un certificat d’authenticité.
Prochaine étape : attacher au TAG NFC et au passeport digital, des services associés proposés par le domaine en question.
- Le QWIB : boîtier électronique qui se place dans une caisse ou sur une palette
Objectif ? Tracer les températures du vin car le vin est un produit vivant et fragile. De trop grandes variations de températures peuvent être désastreuses pour la bonne conservation du vin. Là encore, le consommateur aura une vraie vision sur le vin qu’il acquiert et pourra vérifier, avec un simple smartphone, qu’il a été transporté et conservé dans de bonnes conditions. Les informations récoltées par le boîtier sont enregistrées dans la blockchain.
- My Tag NFT : réinventer le «customer engagement» et digitaliser le marché du vin
Concernant les NFT, nous avons 3 cas d’usage :
- NFT de membership :
Le consommateur n’achète pas qu’une bouteille mais un accès privilégié au domaine : dégustations, invitations, notion de « customer engagement (...). » Progressivement, tout va se digitaliser grâce à la blockchain et aux NFT en y ajoutant cette notion d’engagement consommateur qui est vraiment à réinventer dans le domaine viticole.
- Ventes en primeurs/sous allocations (marché primaire)
Les NFT se prêtent aussi très bien au marché du vin. On vend par exemple souvent en « primeur » les bouteilles de vin, c’est-à-dire des bouteilles qui se vendent des années avant leur commercialisation grand public. L’intérêt : environ 20% moins cher, ce qui permet également aux domaines de réaliser de la trésorerie. Et pour ce type de ventes, c’est très intéressant d’activer les NFT comme actifs de propriété numérique.
- Reventes sur le marché secondaire
Le vin est considéré comme une classe d’actif alternatif qui séduit de plus en plus d’investisseurs à travers le monde. Les grands vins sont commercialisés sur le marché primaire à une valeur importante mais très éloignée de leur futur prix du fait notamment de leur rareté qui évolue à mesure que le temps passe. La technologie NFT permet de faciliter, sécuriser et tracer ces transferts de propriété.
La marketplace MytTagNFT va permettre de faciliter, sécuriser et tracer ces transferts de propriété ainsi que d’assurer des commissions transactionnelles pour les domaines sur le marché primaire comme secondaire.
Comment faites-vous pour démocratiser les opportunités de la blockchain auprès du monde viticole ?
C’est compliqué, et pourtant, il faut le comprendre : technologie et tradition sont complémentaires !
Il faut beaucoup éduquer, discuter, et adapter la technologie aux besoins du marché.
On ne fait pas le vin comme il y a 200 ans.
Quand Internet est arrivé il y a 20 ans, les domaines n’en voulaient pas. Aujourd’hui, tous en ont ! Attention ils ne vendent pas tous sur internet mais ils ont tous un site internet !
C’est long mais quand on construit les projets technologiques avec une réelle utilité et du sens et pour le domaine et pour le client, on fait moins peur, et progressivement, les mentalités évoluent.
Interagissez-vous avec des acteurs institutionnels / économiques ?
Je me suis rapprochée des Conseils interprofessionnels.
D’autres pays arrivent sur le sujet : Australie, Chili, Etats-Unis.
Les grands vins ne sont pas les seuls à pouvoir tirer profit de la Blockchain et des NFTs. Sur des vins entrées et moyens de gamme, on perd des parts de marché car on est moins créatifs en termes de communication et de marketing notamment.
En cela, les nouvelles technologies peuvent nous aider à devenir plus compétitifs versus d’autres marchés.
Dans 5 ans, Wine in Block ça ressemble à quoi ?
J’aimerais suivre les tendances du marché au plus proche des consommateurs et des domaines.
Et ensuite, nous déployer partout : en France et ailleurs !
Je pense aussi que sur le sujet des NFT on en est encore qu’aux balbutiements !
Notre objectif chez Wagmi Trends c’est de démocratiser le Web 3 et de décrypter cette révolution numérique : penses-tu que cela soit possible auprès de tous ?
Oui ! Quand justement on aurait fait suffisamment de progrès en terme d’expérience utilisateur alors on pourra embarquer les gens !
On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?
L’écume des jours de Boris Vian qui met à l’honneur l’amour inconditionnel et la musique.
Ton ou tes Film(s) culte(s) ?
Thelma et Louise pour cette quête de la liberté et parce que ce sont des femmes qui recherchent cette liberté !
Ta playlist ?
Ça dépend des moments, c’est comme pour le vin : entre amis en appréciant la puissance d’un vin du Rhône, la délicatesse d’un Bourgogne ou la modernité d’un vin de Loire, ce sera plutôt rock avec les Pixies, David Bowie, Cage The Elephant…
Sur la plage en dégustant un vin de Provence, la légèreté d’Aguas de Março.
Avec la profondeur et l’élégance d’un Bordeaux, écoutez le Concerto pour piano n°5 op73 « L’Empereur » de Beethoven joué par Clifford Curzon.
Avec un bon vin de l'Île de Beauté, je recommande le groupe Bande à Part qui a rythmé les débuts de Wine In Block !