17/04/2023

Thomas Barreau

AI Regulation & Standardisation Manager @France Digitale

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« Notre mission est de faire émerger des champions du numérique, et on vous attend ! »
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✍️ Alex

👀 Mes articles

✌️Hello le Wagmi Gang,

Cette semaine, nous avons rencontré Thomas Barreau de France Digitale, en charge de tous les enjeux réglementaires et de standardisation liés à l’intelligence artificielle.

Mais alors qu’est-ce que France Digitale ? A quoi sert cette association qui œuvre pour la construction de tout un écosystème sur le territoire français et également à échelle européenne ?

Qu’est-ce que ça t’évoque la standardisation et la réglementation autour de l’intelligence artificielle, plus communément appelée IA ?

Thomas nous explique tout : les projets, les missions, les enjeux européens et également de souveraineté numérique, et bien sûr l’approche pédagogique nécessaire, cruciale même, à tous les niveaux. Politiques, écoles aussi diverses que variées, business men/women et entrepreneurs de talent ! Tout y passe !

Il est intéressant de se pencher sur le Wagmi Doer du jour, au cœur d’une actualité passionnée et dense autour de l’IA, de ses perspectives et parfois, de ses fake news aussi.

Eduquez-vous, lisez, informez-vous !

Bref, bonne lecture ! 💛

Bonjour Thomas, peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je suis Thomas, d’origine nantaise. Toute ma famille est issue de cette région. Je suis très attaché à ce territoire.

J’ai fait mes études à Sciences Po Rennes, et ai ensuite peaufiné mon cursus à l’EM Lyon et à l’Ecole Centrale de Paris. Pourquoi ? Pour mieux appréhender les milieux tech et industriels et ainsi avoir une approche plus opérationnelle qui complète ma formation côté Sciences Po, davantage axée sur la réflexion.

Comment es-tu arrivé sur les sujets liés à l’intelligence artificielle ?

Effectivement, je me suis déjà aussi fait cette réflexion ! Pas mal de petites touches tout au long de mes expériences professionnelles m’ont progressivement orienté vers l’intelligence artificielle.

A Centrale Paris, j’ai réalisé un module projet avec la start-up Wondercrafte, une start-up qui a créé une interface intuitive pour des patients notamment des tétraplégiques par exemple, et dont les usages pourraient à terme aider également des personnes qui opèrent sur des chantiers  pour porter des charges lourdes. Cette expérience, portée par l’intelligence artificielle, m’a passionné !

Entre 2016 et 2020, j’ai commencé ma carrière chez Fidal, le plus grand cabinet d’avocats d’affaires en Europe, et j’étais en charge des études côté stratégie. Au même moment, les « legal tech » sont arrivées en force sur le marché juridique.

Là encore, il était fascinant d’observer et de comprendre en quoi ces nouveaux acteurs pouvaient impacter le monde juridique traditionnel. Et concrètement, comment les avocats traditionnels pouvaient apporter de nouvelles réponses à ces changements technologiques.

Peux-tu expliquer simplement à nos parents, nos grands-parents : qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?

Ça parait simple comme question car tout le monde a ce mot à la bouche avec de multiples tribunes. Mais en réalité, la réponse reste compliquée.

Tout d’abord, et il faut le dire, il y a plein de fantasmes autour de l’IA qui va remplacer l’Homme par exemple.

A mon sens, l'IA c'est surtout un moyen de répondre aux enjeux d'inclusion numérique et de mieux connecter les gens entre eux.

J’aime bien 2 exemples factuels de ce que peut être l’IA :

  1. Un outil pour le traitement de tâches répétitives via leur automatisation
  2. Une aide pour révolutionner l’approche médicale

Par exemple, l’IA peut aider aux diagnostics médicaux notamment dans leurs préventions à l’émergence de certaines maladies qui font que l’on pourra aider un patient à un instant T.

Je corrèle souvent l’IA à la santé : c’est d’ailleurs l’une des plus grosses communautés de France Digitale.

Si je devais la formuler en une phrase : l’IA est un facilitateur digital.

Qu’est-ce que France Digitale : pourrais-tu nous raconter la genèse ainsi que les missions ?

France Digitale est une association qui a plus de 10 ans et qui a été créée en 2012.

Notre board est constitué d’entrepreneurs et d’investisseurs.

Au quotidien, France Digitale c’est environ 20 collaborateurs qui animent 2 000 membres : 1 900 start-up et une centaine d’investisseurs.

Créée avant le mouvement des Pigeons, son objectif est de palier au déficit de représentation des VC et start-up tout en rendant visible leurs enjeux.

Notre mantra : faire émerger les champions européens du numérique. Pour ce faire, plusieurs leviers et canaux notamment la création de ponts entre startups, écoles et talents pour alimenter cet écosystème entrepreneurial.

Nous avons également un angle affaires publiques. L’enjeu est de porter les grands enjeux réglementaires et normatifs de nos start-up  en France comme en Europe, sur des sujets donnés comme l’intelligence artificielle par exemple.

Nous défendons avant tout l'intérêt de l'écosystème entrepreneurial et d'innovation en France et en Europe.

Nous avons également des partenariats avec de grands groupes et des écoles.

La mission de France Digitale est, au global, d'être un tiers de confiance tout en créant des ponts entre tous ces acteurs.

S’agissant des écoles, l’axe historique de France Digitale est de créer des relations fécondes sur du long terme pour recruter les futurs talents de demain qui sortent d’école. C'est d'ailleurs la raison de l'organisation régulière de Talent Fair dont la dernière a eu lieu lors de notre évènement, FD3, le 29 mars dernier.

Que faites-vous - à tous les niveaux - pour toucher et embarquer des jeunes qui se situent dans des zones moins connectée ?

On ne se cantonne pas qu’aux grandes écoles : on veut adresser toutes les écoles.

Concrètement, on connecte nos écosystèmes avec des associations sur le terrain qui vont valoriser des personnes à priori moins connectées aux grands réseaux : le Wagon en est un bon exemple, pour toucher des profils qui ont une appétence pour la tech.

C’est un des objectifs pour la tech : qu’elle se développe le plus largement possible. Nous agissons dans le sens de l’inclusion numérique.

Au sein de France Digitale, tu es responsable du pôle IA : pourrais-tu stp nous partager les enjeux de réglementation et de normalisation autour de l’IA ?

Mes missions principales, outre l’événement FD3 que j’ai piloté, c’est surtout de défendre les intérêts des entrepreneurs membres de France Digitale, car on a une législation européenne à venir, dédiée à L’IA, qui peut avoir un impact demain sur les start up portées, aujourd’hui, sur l’IA.

Concrètement, l’objectif est de rencontrer des décideurs européens pour leur partager les enjeux de nos entrepreneurs.

Nos membres sont beaucoup mis à contribution : on construit nos actions via nos membres et pour nos membres. Je suis là pour pousser et défendre leurs sujets.

Le règlement européen va dans le bon sens, soit encadrer l’IA sur le sol européen pour rendre les pratiques les plus vertueuses possibles, et faire en sorte qu’on ne permette pas des usages illicites. L’objectif est de protéger les citoyens européens tout en démocratisant les usages numériques.

Dans notre approche entrepreneuriale, ce que l’on souhaite c’est d’avoir un texte qui soit suffisamment protecteur mais qui ne bride pas pour autant l’innovation.

C’est un texte assez technique mais il peut se résumer via les risques définis par la Commission Européenne, en 4 niveaux, soit :

*Niveau 1 :

Systèmes d’IA qui seront considérés comme risques minimes, tout comme les jeux vidéo car les technologies sont maîtrisées et les conséquences limitées.

*Niveau 2 :

IA à risques faibles et qui feront l’objet d’exigences de conformité.

*Niveau 3 :

IA à haut risque. Elles concentrent toutes les attentions.

C’est celles de demain qui vont faire l’objet de normes, et encadreront les usages de l’IA (cf standard ISO) sur des bases juridiques de confiance et d’éthique.

Sur ce dernier point, France Digitale pilote un groupe européen de start-up et de PME pour s’assurer que les futures normes en IA seront compatibles avec les start-up, et pour être également certains qu’elles seront le moins impactantes possibles pour leur développement.

Au travers de France Digitale, je représente ce groupe à un échelon européen sur ce sujet.

*Niveau 4 :
Enfin, les usages interdits sont déjà établis, tel que le scoring ou les technologies basées sur l'IA qui peuvent toucher les personnes handicapés dans leur dignité, par exemple.

Vous avez organisé le 29 mars dernier le FD3 : peux-tu nous expliquer l’objectif d’un tel événement ?

FD3 c’est la reprise du format de « France is AI  » ; on a organisé 6 éditions précédentes en partenariat avec PRAIRIES.

Cette année, le format a été repensé via notamment l’ajout de nouvelles briques autour de la data, du web 3 en plus de celle de l’IA.

Pour quelle raison ? Continuer d’être toujours au plus près de la réalité, des évolutions technologiques, de l’écosystème et bien sûr, des entrepreneurs.

Ce format se veut être la vitrine de France Digitale sur ces enjeux car pas uniquement IA et mettre en exergue notre capacité à créer des passerelles au sein de l’écosystème.

Plusieurs ambitions pour cette journée :

-          Inspirer

Nos communautés de start-up, les VC présents via des tables rondes de haut niveau, des keynotes (…).

-          Acculturer

Grâce à des workshops opérationnels .

-          Networker

Talent Fair, matchmaking startups/VCs, rencontre entre des décideurs publics et des startups deeptech (…) : nous avons créé un espace sur mesure de démos monté spécialement pour l’événement.

Quels événements organisez-vous ?

-          Le FD3 (mentionné ci-dessus) ;

-          Les Tour : pour faire rencontrer VC et start-up en régions.  Comme ce fut le cas en décembre à Marseille, en février à Bordeaux ou ce mois d’avril à Nantes.

Ainsi que, tout au long de l'année, des évènements à destination de nos CFO, HR, Chief Impact Officers, des petits-déjeuners et afterworks de communautés... Et surtout : le FD Day, la grand-messe annuelle de France Digitale au Musée des arts forains, le 20 septembre prochain.

En quoi le web 3 / l’IA et plus globalement les nouvelles transformations numériques peuvent-elles (ou pas) devenir le nouvel eldorado pour les start-up ? Et concrètement, qu’est-ce qui change par rapport aux dernières évolutions digitales ?

Je vais corréler ça au mapping de l’IA. Ce dont on se rend compte, c’est qu’on a l’émergence de l’IA générative. Et ce n’est pas que des tribunes d’Elon Musk mais bien une réalité.

On a une vraie appropriation de ces usages-là et de ces technos par les entrepreneurs.

Autre élément, cette IA se diffuse dans tous les secteurs : santé, agriculture (…).

Le panorama de start-up que l’on accompagne est suffisamment mature pour leur donner cette capacité de se développer avec de vrais usages perceptibles pour les citoyens. C’est ce vers quoi l’on tend.

Quels sont les changements déjà perceptibles vis-à-vis des VC, et ceux que tu sens frémissants vis-à-vis de l’IA générative ?

Si on corrèle a notre actu FD3, on a senti un réel intérêt.

Ce que je sais, c’est qu’une trentaine de VC sont venus aux sessions de rencontres avec les start-up et que ces derniers sont très intéressés à ces enjeux.

Les entrepreneurs peuvent avoir intérêt à se lancer dans cette technologie.

Tu as été également collaborateur parlementaire de 2020 à 2022 : abordais-tu des sujets liés au numérique ? Via ton prisme, quel est l’intérêt porté par nos élus sur les sujets liés au numérique ?

J’étais collaborateur de la 12ème circo de Paris.

Sur la circo, il y a une Matrice : institut de formation et de reconversion, institut tech en lien avec le Pôle Emploi local de l’arrondissement qui permet aux différents profils / demandeurs d’emplois de se former aux métiers de la tech.

Il y a une appétence des élus, des parlementaires et des décideurs publics au sens large sur ces enjeux d’éducation reliés au numérique.

France Digitale organise également les FD Campus : ce sont des sessions d’échanges à destinations des décideurs publics qui visent à les acculturer sur ces nouvelles technos.

Que dis-tu aux entrepreneurs qui lancent des projets dans la tech : IA, Web3, nouvelles technologies … ?

Allez-y à fond ! Lancez-vous !

Notre écosystème est mature et vous soutiendra, tout en vous donnant les clés pour vous développer. Et c’est le cas dans tous les secteurs !

Il y a vraiment un engouement pour ces nouvelles technologies pour aider à répondre à des problématiques qu’on n’a pas encore su solutionner ou encore pour améliorer les technologies existantes.

Notre mission est de faire émerger des champions du numérique, et on vous attend !

2030 : France Digitale ça ressemble à quoi ?

Notre essence est européenne, et on a cette ambition européenne dans notre ADN.

On ambitionne d'être toujours l’association leader de startups en Europe qui accompagnera plus que jamais la croissance de l’écosystème au service de l’Homme et de la planète et fera de l’Europe le leader de l’innovation responsable.

Et que l’Europe devienne le leader de l’innovation responsable.

Notre mission est de participer à la croissance de cet écosystème au service de l’homme et de la planète.

Que dis-tu des critiques vis-à-vis du web 3 et du scepticisme de certains face au déploiement de l’IA dans les usages ?

Ça peut, à priori, faire peur. La question de fond est : qu’est-ce qu’on y met derrière ?

Hormis de fausses images du pape avec sa doudoune blanche conçues par de l’IA générative.

C’est tout l’objet de la réglementation européenne : avoir un cadre « safe » et stable pour encadrer les pratiques de l’IA afin qu’elles soient responsables.

On souhaite encourager une innovation responsable. Ces usages vont exploser avec un impact positif sur la société. Et les entrepreneurs vont tout faire pour avoir, à leur tour, un impact positif.

Si l’on prend le workshop animé par Wagmi Trends, ça a été un succès ! Le web 3 comme outil de souveraineté numérique, c’est le cœur du débat. Et il faut aller en ce sens tout en encadrant de nouvelles pratiques technologiques.

As-tu un message à faire passer aux personnes qui nous lisent ?

Vous êtes entrepreneurs, rejoignez France Digitale !

On a une communauté très enthousiaste.

On veut être le plus représentatif et inclusif possibles sur tout le territoire pour porter les enjeux des start-up au plus haut niveau.

Et abonnez-vous à la newsletter de France Digitale pour vous informer sur l’écosystème.

On passe aux questions POP : quel est ton bouquin de chevet ?

C'est un livre que m'a offert Marianne Tordeux, notre Directrice des Affaires publiques, pour le Secret Santa de l'équipe France Digitale cette année.

C'est un livre fascinant, envoûtant même, sur un vieux roi Africain qui décède et laisse derrière lui un royaume sujet aux multiples convoitises.

Le vieux Roi ne meurt pas, en tout cas ne quitte pas spirituellement son corps, tant que son dernier fils n'a pas accompli la mission qu'il lui a confiée, à savoir construire 7 tombeaux partout sur son royaume à l'image de ses différentes personnalités et époques de son règne.

Ton film culte ?

OSS 117 sans hésitation, le 1 et le 2 surtout.

Ton ou tes série(s) crush ?

J’aime beaucoup l’environnement des séries britanniques, donc je dirais The Crown et les Peaky Blinders.

Mais j’adore la Formule 1, alors j’avoue que Drive to Survive est mon pêché mignon chaque année en février quand une nouvelle saison sort.

Ta Playlist ?

J’adore les playlists “Années 80”, “Années 90” et “Années 2000” faites par Spotify directement, ça donne la pêche et ça met de bonne humeur !

Mais sinon je suis très podcasts, d’histoire, de géopolitique, de politique, surtout France Inter et France Culture.

Et plus particulièrement :

  • Bohemian Rapsody de Queen - My favourite song all time
  • Freed from Desire de Gala qui sera ma musique d'entrée à mon mariage
  • Sara Perché ti amo - parce qu'elle donne envie de faire le tour de l'Italie dans une vieille Fiat 500
  • Dernière danse de Kyo - parce que c'est LA chanson qu'on chante avec ma bande d'amis de Rennes en soirée
  • Macumba de Jean-Pierre Mader : j'ai dû chanter cette chanson jusqu'à ne plus faire d'erreur dans les paroles pendant un trajet en voiture Chambéry-Rennes, ça a pris 8h.

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