Dimitri Thouzery
Concepteur d'expériences interactives et immersives
🖖Cher WagmiGang,
Bienvenue dans un nouveau RdV de Know Your Artist !
KYA a pour but de te faire connaître de multiples artistes à travers le globe, les courants artistiques digitaux sous-jacents, et également de te partager leur histoire et leur processus créatif.
Ce format, nous l'avons créé avec Patricia Gloum et Justine Vilgrain, les talentueuses cofondatrices de Braw Haus.
Cette semaine nous te présentons Dimitri Thouzery, artiste spécialisé dans la création de contenus génératifs et numériques, qui puise son inspiration dans la science-fiction, la technologie, la musique électronique et l'espace.
Bonne lecture de ce nouveau KYA !
Bonjour Dimitri, peux-tu te présenter s’il-te-plait ?
Bonjour, je suis Dimitri Thouzery, artiste spécialisé dans la création de contenus génératifs et numériques.
Mes œuvres sont produites grâce à l'utilisation d'algorithmes, de données ou de capteurs de divers types, tels que des capteurs de mouvement, des caméras ou des électroencéphalogrammes.
Je présente mes créations sous différentes formes, telles que des installations immersives, interactives ou encore pour des concerts en live.
Si tu pouvais décrire l'artiste numérique Dimitri Thouzery en un mot, lequel serait-il ?
Expérimental.
D'où viens-tu ? Penses-tu que ton origine a une influence sur ton travail ?
Je suis né dans le sud de la France, mais je ne pense pas que mon lieu de naissance ait eu une grande influence sur mon travail en tant qu'artiste.
Mes inspirations viennent principalement de la science-fiction, de la technologie, de la musique électronique et de l'espace, qui sont pour moi de véritables sources de créativité et de découverte.
Penses-tu que l'art numérique soit important ? Fait-il une différence dans le monde d'aujourd'hui ?
Je considère que l'art numérique est important car, dans une société obsédée par les nouvelles technologies, il peut offrir une alternative à la vision purement productiviste de la technologie.
De plus, grâce à son caractère immersif et interactif, l'art numérique permet de placer le spectateur au cœur de l'œuvre et de lui faire oublier la distance habituelle qui sépare l'artiste de son public.
Qu'est-ce qui t’a poussé à t’intéresser à l'art numérique ? Peux tu nous parler de ton processus de travail ?
Avant de m'intéresser à l'art numérique, mon travail artistique se concentrait sur l'art dans l'espace public.
J'essayais de recréer les conditions de vie d'une œuvre dans l'espace public au sein d'un espace d'exposition, et c'est ainsi que j'ai commencé à m'intéresser aux capteurs et aux bases de données météorologiques.
J'ai progressivement intégré de plus en plus de technologies dans mes œuvres jusqu'à totalement adopter le medium de l'art numérique.
Quelles-sont tes sources d’inspirations ?
Il est difficile pour moi de citer mes sources d'inspiration de manière précise car elles sont très nombreuses et diverses.
Mon processus créatif est axé sur l'expérimentation, et je me laisse guider par les essais et les ajustements jusqu'à obtenir un résultat qui résonne en moi.
Quel logiciel utilises-tu ?
Je me sers de Touchdesigner, un logiciel basé sur la programmation nodale en temps réel.
As-tu déjà rencontré des difficultés ou des obstacles sur ton chemin en tant qu'artiste ?
Oui plusieurs :
Faire de l'art son métier n'est jamais facile, en particulier en termes financiers.
Vivre de son art, même si l'art numérique peut offrir de nombreuses opportunités de travaux de commandes peut être difficile pour un artiste.
Trouver le temps et les structures pour produire des œuvres originales n'est pas toujours aisé.
Une installation immersive peut être coûteuse à mettre en place du point de vue technique, et peu d'espaces d'expositions sont équipés pour accueillir ce genre d'œuvres.
Quelle est ton opinion sur l'art numérique et les NFTs ?
En tant qu'artiste numérique, les NFT sont indéniablement une opportunité très intéressante.
Auparavant, vendre ses œuvres à des particuliers était très compliqué. Les NFT et l'intérêt médiatique qui leur a été accordé, ont mis en lumière l'art numérique dans son ensemble, et ont permis à notre travail d'atteindre un public plus large.
Cependant, j'ai l'impression que la majorité des investissements dans ce domaine visent davantage à obtenir un retour sur investissement qu'à soutenir l'art pour lui-même.
Mais il en va de même, dans une certaine mesure, pour l'art contemporain classique.
Comment démocratiser cette nouvelle forme d'art auprès du grand public ?
Aujourd'hui, l'art numérique est peu présent dans les espaces d'exposition physique. Cependant, je pense que de nombreux centres d'arts et galeries dédiés à l'art numérique verront le jour avec le temps, en raison de l'intérêt croissant et de la fascination que suscite cette forme d'art auprès du public.
Il me semble que de tels espaces pourraient contribuer à démocratiser l'art numérique et à le rendre plus accessible à tous.
Qu'est-ce qui t’inspire ?
La musique est une source d'inspiration importante dans mon processus de création. J'aime écouter tous types de musique, mais lorsque je travaille sur mes projets, j'aime m'immerger dans des morceaux électro-ambiants, drone et minimalistes.
Le rythme, la vibration et l'ambiance de cette musique m'orientent dans mon processus de création et m'aident parfois à visualiser où je veux aller avec mon travail.
En dehors de la musique mes sources d'inspirations peuvent aussi bien être des sensations corporelles ou émotionnelles qui me traversent, des lectures diverses, des clichés de l'espace ou bien encore la reflection de l'eau qui s'écoule. A cela vient bien évidemment s'ajouter, de manière consciente ou inconsciente, la myriade d'images et de vidéos que l'on perçoit sur la toile ou dans notre quotidien.
Peux-tu nous expliquer ce qu'est l'art génératif ? Quels outils utilises-tu ?
J'aime considérer l'art génératif comme une forme d'art qui se crée sans matière première physique. Il s'appuie sur des théories mathématiques pour générer ses formes et peut être considéré comme une production "équationnelle".
Dans mes processus de création, j'utilise souvent une fonction mathématique appelée le bruit, qui est une fonction pseudo-aléatoire permettant notamment de générer des motifs.
Créer à partir de cette fonction me permet de lâcher un peu le contrôle et de me laisser aller plus librement dans mon processus créatif.
La plupart de tes œuvres sont en noir et blanc. Pourquoi as-tu décidé de consacrer une si grande collection au noir et blanc ?
Pour moi, le noir et blanc représentent une forme d'universalité en se détachant des affects suscitées par les couleurs.
C'est aussi un choix délibéré de distanciation vis-à-vis de l'esthétique flashy souvent attribuée au médium numérique.
Quel est ton projet de rêve ?
J’imagine un projet sur un thème universel, dans un espace totalement immersif et interactif, éventuellement avec une interaction en temps réel avec des bases de données et l’utilisateur.
Parle-nous un des expositions auxquelles tu as participé et de celles à venir sur 2023.
2022 à était une année intense en projets, l'engouement pour l'art numérique aidant.
J'ai eu l'occasion d'exposer mes œuvres dans plusieurs lieux, à Paris pour l'exposition Au delà des pixels, produite par 36 degrés, à Bilbao dans le cadre du festival Bideotikan, ou bien encore au consulat de France en partenariat avec l'institut Français et Brawhaus.
J'ai également produit beaucoup de contenus pour des artistes et des événements musicaux : Akumandra Av/Show au knockdown center à New York, pour le concert de Drake à l'Ovofest à Toronto (en partenariat avec sturdy.co), ou bien encore pour la tournée de Eladio Carrion en Amérique du sud.
En 2023 j’espère continuer sur cette lancée, il est déjà prévu deux nouvelles dates pour le Av show akumandra (une à Londres et une à Los Angeles). De nombreux projets sont également en cours de production, mais il faudra attendre un peu pour que je puisse les dévoiler 🙂